samedi 11 novembre 2023

J comme journalier


Dis Papy, cet ancêtre était journalier, tu peux m’expliquer ce qu’il faisait ?

Imagine d’abord! C’est un homme (un enfant, une femme) sans métier, analphabète. Il n’est pas allé à l’école, ce n’était pas obligatoire comme maintenant. Il n’a que ses bras, sa force pour survivre. On dit qu’il est dans l’échelle sociale juste après le vagabond (trimard). C’est un simple manœuvre, une « bête de somme », un travailleur temporaire qui se loue pour un salaire dérisoire, le gîte et le couvert. Il est usé, vieux avant l’âge, ses mains rugueuses et abîmées par les tâches diverses.

Mais qu’est-ce qu’il fallait qu’il fasse ?

Oh ! On leur donnait à faire toutes les basses besognes :

  • à la campagne, cet homme de peine peut être employé, au bétail (curage, traite à l’étable, garde au pacage…), en forêt à faire des fagots de bois, aux champs (fauchage, battage, transport de foin, …) à des travaux de terrassement…

  • à la ville le journalier citadin ou manouvrier a encore la vie plus rude, il pratique une multitude de petits métiers en louant la aussi ses bras à la journée …

Il n’avait pas de famille ?

Bien sûr, issu de famille nombreuse, il lui faut gagner sa vie dès qu’il en a la force et si plus tard il veut fonder sa propre famille il lui faut du travail …. Heureux ceux qui possèdent un simple lopin de terre pour que l’épouse et leur progéniture grandissante puissent y faire en complément un peu de jardin et élever quelques volailles nécessaires à leur frugale vie. D’autres moins bien lotis n’ont que leurs bras, les époux vont alors de location en location, de village en village avec enfants et maigres possessions à bout de bras.

Ce devait être terrible de vivre en ce temps là …

C’est vrai, leur vie est très précaire. Pour les journaliers, la vie se caractérise par des périodes d’occupations irrégulières chez divers employeurs. Le travail reste toujours incertain, même si à chaque saison, on sait pouvoir retrouver la même place chez les mêmes employeurs. Lorsqu’une mauvaise récolte fait augmenter le prix du pain, les journaliers ont peine à vivre. En ville pas de jardin, pas de basse-cour, il faut payer pour tout, l’alimentation, le toit, le bois ou le charbon pour la cuisine et le poêle. Malnutrition et maladies déciment les populations pauvres.

Il existe encore ce métier ?

En 1882, Jules Ferry a rendu l’école obligatoire pour les enfants jusqu’à 13 ans (maintenant c’est 16 ans). L’exode de la population rurale attirée par les emplois industriels ou de service dans l'hôtellerie et la restauration ainsi que la mécanisation (les tracteurs ont remplacé les hommes dès les années 1920 et se sont beaucoup développés dans les années 1950), ont rendu le travail de journalier en grande partie superflu ; l’équivalent aujourd’hui s’apparente plus au travailleur temporaire ou saisonnier, mais c’est une autre histoire ….


 Bernard pour les J&G

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