mercredi 9 octobre 2024

#Genea ou comment je suis tombée dans la généalogie toute petite ! Episode 53

 Merci à Anthéa pour son témoignage

   Depuis petite, je me passionne pour l’Histoire – celle avec un grand H, celle qu’on nous apprend à l’école. Inévitablement, mon intérêt pour celle-ci a croisé l’histoire, la plus petite, de ma famille. Mon plus vieux souvenir de généalogie remonte à l’école primaire. En CP, nous avons travaillé sur les poilus, ces soldats combattant durant la Première Guerre mondiale. Nous nous sommes rendus sur le monument aux morts et avons découvert ces noms, pour nous, inconnus. La maîtresse nous avait demandé de parler à notre famille et de demander si nous avions de la famille ayant fait la guerre. Mon père m’a alors parlé de ses arrière-grands-parents, et a sorti des photos d’une vieille malle. Fière, je ramène les photos et les informations à l’école et la maîtresse présente mes ancêtres à l’ensemble de mes camarades. Ma famille faisait partie de l’Histoire, celle que la maîtresse nous a enseignée.

   Plus tard, mon père m’a expliqué que son frère avait effectué des recherches généalogiques et était parvenu à remonter jusqu’au temps des rois ! J’étais subjuguée. Moi aussi, je voulais faire de même avec le côté de ma mère. Mais toujours, on m’a répété que ce n’était pas possible. J’étais au collège, puis au lycée, on me disait : « Tes ancêtres viennent d’Algérie et d’Espagne. Tout a brûlé durant les guerres. C’est inutile. » Alors, j’ai abandonné. Jusqu’à il y a deux ou trois ans. Je ne sais comment, mais je me suis lancé ce défi : construire mon arbre généalogique – enfin plus précisément celui de ma mère, car du côté de mon père tout était déjà fait. J’ai donc pris l’arbre généalogique que mon père m’avait fait, renseignant uniquement mes grands-parents et mes arrière-grands-parents, et j’ai commencé à interroger mes aînés – peu bavards, je dois l’admettre, ne comprenant pas cette passion pour le passé, quand le futur est devant moi.

   Mon père m’a donné ce conseil : commence par ce que tu connais, et remonte ensuite. Je me souviens de la joie ressentie lorsque j’ai reçu l’acte de naissance de mon arrière-grand-mère, née à Alger d’un père espagnol. Je courais dans le couloir tenant le bout de papier dans mes mains, criant « J’ai réussi ! Ce n’est pas impossible ! » J’ai appelé ma grand-mère. C’était comme si, je possédais un bout d’elle entre mes doigts.

   Progressivement, et grâce à Internet, j’ai commencé à remonter le temps, découvrant de merveilleux outils comme les archives départementales, Geneanet, et d’autres sites plus spécifiques en fonction de mes recherches. Mes amies étaient conquises par mes recherches, certaines me demandaient de faire de même avec leur famille. Mon oncle également ! Et voir son intérêt pour mes recherches et le sourire sur son visage quand je lui révélais des éléments sur son ancêtre me motivait à continuer. J’étais comprise. La généalogie est une activité passionnante, mais hélas, qui demande de la patience et beaucoup de temps. Aussi, étudiante, et entrant bientôt dans la vie active, je commence à avoir moins de temps à consacrer à cela. Mais j’espère pouvoir m’y remettre d’ici peu ! Il y a tant de choses à apprendre grâce à la généalogie. Il faut être prêt à être surpris pour le meilleur et le pire, car chaque famille réserve son lot de secrets.

mes arrière-arrière-grands-parents au centre de la photo et mes arrière-grands-parents à droite (Oran, années 1950)

    Aujourd’hui, en fonction des branches – certaines sont plus compliquées à remonter que d’autres – je suis parvenue à retrouver la trace de mes ancêtres sur cinq ou six générations. Le plus vieux nom apparaissant dans mon arbre date de la fin du XVIIIe siècle. Souvent, c’est assez frustrant de réaliser qu’on ne pourra pas remonter aussi loin qu’on le souhaite. L’Histoire est autant notre alliée que notre ennemie – les guerres, mais aussi les relations diplomatiques entre les pays ont laissé des séquelles dans les archives. Je ne sais toujours pas comment obtenir des informations sur mon ancêtre né dans la campagne algérienne durant la colonisation française… Travaillant seule, je me fais peu à peu à l’idée que l’aide d’association sera inévitable, notamment pour mes recherches à l’étranger. Si je veux continuer, je ne peux plus faire route seule.

   Se lancer ou pas dans la généalogie, telle est la question. Mon témoignage est en tout cas la preuve que l’âge n’est pas un frein, mais au contraire un levier. Quand on est enfant et adolescent, la curiosité nous amène à poser un tas de questions, et souvent sur notre famille. Il ne faut pas hésiter à les poser et chercher des réponses, profiter d’échanger avec ses aînés tant qu’ils sont encore parmi nous. Et pour tout jeune qui voudrait réaliser son arbre généalogique, je n'ai qu’un conseil, celui de mon père : commencer par ce que vous savez, et remonter. Prenez l’acte de naissance de votre père, découvrez le nom de son père et de sa mère, ceux de vos grands-parents. Découvrez leur acte de mariage, vous y verrez le nom de vos arrière-grands-parents. C’est là que tout commence, vous tombez dans le terrier du lapin et, au fond du trou, se cache une véritable mine d’or.


vendredi 27 septembre 2024

De la Réunion à la métropole

    Beaucoup de nostalgie dans le dessin et les couleurs utilisées dans cette BD. Elle raconte le destin de Jean et de Didi, sa petite sœur, arrachés à leurs parents et à leur terre, l'île de la Réunion. On les envoie en métropole, on les sépare, on les place, on change leur nom, on les discrimine, on ne les respecte pas.

Le sujet est grave, il est ici traité avec humanité et tendresse. Il est abordé sous différents angles, les enfants, les adultes qu'ils sont devenus ou encore un fonctionnaire muté découvrant ce système des "enfants de la Creuse". Quelques pages explicatives complètent cet ouvrage entre les chapitres.

A découvrir pour réfléchir sur la famille biologique, sur les racines et sur certaines décisions gouvernementales...

Piments zoizos les enfants oubliés de la Réunion, par Tehem avec la contribution de Gilles Gauvin, éditions Steinkis, 2022 (parution en poche en 2024).


samedi 14 septembre 2024

#Genea ou comment je suis tombée dans la généalogie toute petite ! Episode 52

 La généalogie : un essai transformé en passion familiale

  Comme plusieurs de ses camarades, Éline est d’abord venue faire un essai au club de généalogie du collège de Soultz (68). Essai concluant : elle aime tout, l’ambiance, les recherches, alors elle continue ! 

« C’est vraiment intéressant de retrouver ses ancêtres », déclare Éline, tellement intéressant qu’elle y entraîne son Papa qui, du coup, prend un abonnement Premium chez Généanet. Ils passent des heures aux recherches à la maison et l’arbre d’Éline compte environ 176 personnes actuellement.

La généalogie est devenue une passion familiale avec un Tonton qui a un arbre généalogique de 200 personnes, une Mamie qui a beaucoup de documents … et une énigme : qui sont les père et mère d’un ancêtre du nom de Lipp ?

Nous avons réussi à résoudre cette énigme il y a quelques semaines avec M. Godmet. Et nous avons découvert un lien de parenté avec l’ancien propriétaire de la célèbre brasserie LIPP de Paris.

Merci à Éline pour son témoignage.


dimanche 28 juillet 2024

Le temps des vacances

    Cette période de vacances est l'occasion de faire le point avec enfants ou petits-enfants sur ce que représentent les vacances pour chacun. 

   C'est le moment de se raconter les vacances, en famille, en colonie, au centre aéré ou chez les grands-parents. De se rappeler les lieux, mer, montagne, campagne ou ville ainsi que les occupations, sportives, créatives, culturelles ou même ennuyeuses. D'expliquer que les congés payés n'ont pas toujours existé, que leur durée a changé, que les destinations de vacances ont évolué aussi. 

   A vous de sortir les frises chronologiques pour se rendre compte que le grand-père de Mami n'a jamais connu les congés payés, les cartes de géographie pour comprendre pourquoi Papi n'avait jamais vu la mer avant de vouloir la faire découvrir à ses propres enfants et les photos de l'album familial où l'on découvre Maman petite en train de lire car le téléphone portable n'existait pas...

   Des sourires et des souvenirs!


dimanche 14 juillet 2024

Enfants arrachés à leurs racines

   Cette série télévisée met en lumière la rafle des années 1960 subie par les enfants des Premières Nations au Canada. Ils étaient enlevés à leurs parents et proposés à l'adoption au Canada et aux Etats-Unis. 20 000 enfants autochtones sont concernés. 

   Cette série est inspirée de faits réels, on y suit Esther qui s'interroge sur son identité et part à la recherche de sa famille biologique. Elle retrouve des membres de sa famille, la mémoire d'événements antérieurs à son placement à l'âge de 5 ans et redécouvre même son vrai prénom et sa culture.

   Cette histoire est bouleversante et chaque épisode apporte son lot de rebondissements, d'émotion, de tristesse et de révolte. 

Little Bird, série télévisée de Jennifer Podemski et Hannah Moscovitch, 2023, disponible en replay sur Arte jusqu'au 21 août 2024. Elle a reçu le prix du public Séries Mania 2023.

dimanche 7 juillet 2024

#Genea ou comment je suis tombée dans la généalogie toute petite ! Episode 51

Merci à Mathilde pour son témoignage.

 Métier : généalogiste !

J’ai commencé à m’intéresser à la généalogie à l’âge de 10 ans, lorsque ma mère me parlait de mon arrière-grand-mère dont nous ne connaissions pas les parents. Elle avait été abandonnée à la naissance. C’est ce mystère qui m’a poussée à me pencher sur la généalogie.

J’ai commencé à rechercher l’acte de naissance de mon arrière-grand-mère, puis j’ai trouvé l’exercice très intéressant. J’ai commencé à demander à ma famille les noms de leurs grands-parents… Ma mère avait déjà effectué un premier arbre généalogique. Mes grands-parents m’ont tous montrer des photos, des documents sur notre famille. Ma famille est très impliquée dans les recherches et dans les trouvailles, je leur partage toutes les recherches.

Je fais les recherches seule ou en compagnie de ma mère. Je n’ai pas vraiment d’étapes dans la recherche, je fais au feeling suivant ce que j’ai envie d’avancer. Je partage toujours mes trouvailles avec ma famille. Je débute les recherches en ligne puis je me rends aux archives. J’ai retrouvé des actes d’état civil, des actes notariés, des actes militaires, de recensement… J’aime chercher dans des fonds différents.

Mon arbre généalogique est assez inégal du fait de certaines difficultés rencontrées, et des branches qui mettent plus de temps que d’autres à être remontées. Du côté de mon père, ma famille vient d’Andalousie, alors que du côté de ma mère, la famille vient de France (Ardèche) et d’Italie (Toscane). Les recherches à l’étranger sont toujours un peu plus compliquées. J’ai remonté pour le moment 7 générations.

Je pense avoir passé plus de temps à faire la généalogie d’autres personnes - du fait de mon métier - que de temps passé sur ma généalogie !

Dans la généalogie, j’aime l’aspect « enquête » de la discipline. Il est très intéressant de devoir effectuer des recherches pour répondre à des questions ou bien trouver des personnes, c’est très stimulant. J’apprécie également de replacer les actes que je trouve dans leur contexte historique.

Pour l’instant l’identité de certaines personnes dans ma généalogie reste sans réponse du fait d’une lignée entière composée de filles-mères, mais j’ai pu découvrir l’identité de la mère de mon arrière-grand-mère, ce qui a été une surprise tant dans son histoire que dans la longévité de sa vie.7

La recherche généalogique familiale a été un élément fondateur car elle a déterminé le métier que je fais actuellement : généalogiste. J’ai effectué un premier DU sur l’histoire des familles et la généalogie en 2020 à l’Université de Nîmes, puis un deuxième DU d’approfondissement en généalogie en 2024 à l’Université de Nîmes également.

Des conseils à des enfants/adolescents d’aujourd’hui pour démarrer leur généalogie ?

Je conseillerais aux plus jeunes d’investir dans un manuel pour se former, sans pour autant attendre trop longtemps avant de commencer leur généalogie. Parce qu’après tout, c’est en faisant que l’on apprend à faire des recherches généalogie.




dimanche 30 juin 2024

#Genea ou comment je suis tombée dans la généalogie toute petite ! Episode 50

  Merci à Catherine pour son long témoignage relaté dans les épisodes 49 et 50 de notre saga #Genea.

Tout me plaît dans la généalogie

La recherche généalogique me permet de m'évader l'esprit et mener une enquête. J'oublie tous les soucis.

Je recherche aussi pour d'autres personnes, collègues ou amis et, lorsque je trouve une personne intéressante, je l’aide dans la recherche. J'ai même trouvé une espionne pendant la Seconde Guerre qui a été condamnée en Suisse, elle avait été une première épouse d'un cousin éloigné.

C'est une activité plus souvent hivernale et, aux beaux jours, je m’occupe de mon jardin qui est mon autre passe-temps.

Des surprises ? Des questions sans réponse ?

C'est tout l’intérêt de la généalogie !

Avec les inventaires déposés en ligne, cela débloque des situations. Ma grand-mère a recherché longtemps l'origine de Desclinville sans trouver. J'ai poursuivi. Récemment, j'ai trouvé aux Archives Nationales un inventaire après décès d'une Rose Desclinville célibataire et sans descendance à Paris. Je suis allée au CARAN* le consulter et j'ai trouvé que son nom était Geisler et elle était la sœur de mon ancêtre ! Il y avait dans l'inventaire son acte de baptême à Paris ainsi que mon ancêtre baptisé en 1703 à Paris, paroisse de Saint-Eustache. Rose avait repris le nom de sa grand-mère paternelle Desclinville. Frédéric Henriet prenait ce pseudonyme Desclinville pour signer ses articles dans les journaux parisiens. Avec le temps les archives notariales de Paris sont numérisées et cela permet de débloquer des situations et c'est passionnant. Il faut savoir être patient dans les recherches. La numérisation des documents permet de trouver des éléments qu’on n’aurait jamais pu découvrir sans la technologie.

l'acte découvert en 2014 qui a débloqué la recherche avec le nom des héritiers dont mon tri arrière-grand-père François Joseph Henriet et sa femme Angélique Victoire Geisler, autre pseudonyme de son fils Frédéric Henriet. J'étais à un poste de microfilm où je ne pouvais pas imprimer sur papier

Il y a aussi les secrets de famille découverts en consultant le dossier de magistrature d'un de mes ancêtres, demi-frère de Frédéric Henriet. Une plainte a été déposée contre lui et, un notaire, membre de la famille aussi, a dû quitter la ville à la demande de la famille. Il n'était enterré ni dans le caveau de famille ni avec sa femme. Et on ne mentionnait ni son lieu ni sa date de décès. Il a failli être radié par le Garde des Sceaux, mais il a pu demander sa retraite et être pensionné. Il est décédé peu après au domicile de son fils, curé dans une commune éloignée dans le nord de l'Aisne. J'ai trouvé le renseignement un jour sur Filae. Ma grand-mère n'en a jamais parlé avec ma mère de son grand-oncle. Nous avons plusieurs magistrats dans la famille dont le fils de Frédéric Henriet qui a été le premier juge pour enfants au Havre en 1914.

Il y a quelques mois, une juge ayant 3 générations de très grands procureurs et ayant le même ancêtre commun, m'écrit pour me faire rectifier sa branche erronée. Je lui ai indiqué ce secret de famille que j'avais découvert. Sa famille savait qu'il y avait quelque chose mais ne savait pas précisément quoi. Je lui ai envoyé tous les documents du dossier de magistrature qu'elle voulait consulter un jour en montant aux Archives Nationales de Pierrefitte. Elle m'a envoyé des portraits de lui et de sa femme jeunes peints en 1845 qu'elle a en sa possession et qui lui ont été transmis. Quel bonheur d'échanger ces archives ! Elle était ravie de nos échanges.

La généalogie permet de découvrir et de s'intéresser à l'histoire, à la géographie, de visiter la France et d'aller dans des régions pour les découvrir et de manger leurs spécialités. C'est pourquoi il faut se déplacer dans les régions d'origine et ne pas rester derrière un écran d'ordinateur.

Ma famille est toujours intéressée par les recherches et je suis la référente « généalogie » de la famille.

En conclusion, pour des enfants/adolescents d’aujourd’hui qui souhaitent démarrer leur généalogie, je voudrais leur dire que c'est un passe-temps passionnant qui prend du temps mais qui ne s'arrête jamais. Il y a des périodes sans généalogie par manque de temps et /ou suite à un deuil. Pour ma part, j'ai mis du temps à reprendre les recherches après le décès de mon père. J'ai fait les recherches en famille avec mes parents et c'est un merveilleux souvenir. A l'époque il n'y avait que des personnes d'un certain âge dans les Archives. Maintenant, tous les âges sont confondus et lorsque je vois 2 générations ensemble, cela me fait énormément plaisir et me rappelle mon adolescence.

*CARAN : Centre d’accueil et de recherche des Archives nationales (Paris)