Coucou Mamy ! Tu lis quoi ?
Bonjour Camille ! Je relis du Raymond Queneau en ce moment.
Mamy montre Chêne et chien à Camille.
Ah, tu connais Raymond Queneau, Mamy ? Tu sais, c’est un poète
Toi aussi, tu le connais ? Tu m’étonneras toujours, ma chérie !
Ouais ! le maître a parlé d’Exercices de styles, et on a tous essayé, c’était plutôt marrant à faire.
Et, dans la foulée, Camille lit par-dessus l’épaule de Mamy :
Je naquis au Havre un vingt et un février
en mil neuf cent et trois.
Ma mère était mercière et mon père mercier :
ils trépignaient de joie.
Tu crois que c’est vrai ce qu’il raconte ?
On peut vérifier, si tu veux.
Oui ! Où ? Comment ?
Sur le site des Archives départementales de la Seine-Maritime, on peut trouver son acte de naissance.
On y va tout de suite ! Je tape quoi ?
Site des AD 76, après État civil, après Commune « Havre (Le) », après Typologie « Registres État civil », après Type d’actes « Naissances », après Dates « 1903 » et Rechercher.
Du 1er janvier au 30 juin, 629 vues …, c’est beaucoup trop !
Attends ! Ça fait en gros 100 par mois, alors pour le 21 février, on se dit environ page 170.
Ça commence par le lundi 23 février, on a dépassé.
Reviens en arrière alors !
J’ai trouvé l’acte de naissance ! Toute la date est écrite en lettres … Raymond Queneau est né le samedi 21 février 1903, c’est bien ce qu’il a écrit au début du poème.
Oui ! On lit la suite … Et ses parents étaient merciers ?
Fils de Auguste Henri Queneau, comptable, âgé de 32 ans et de Joséphine Augustine Julie Mignot, sans profession, âgée de 37 ans … Mais, alors, ils n’étaient pas merciers ! Il nous enfume un peu …
Peut-être pas vraiment, son père était peut-être comptable chez un mercier … Concernant sa mère « sans profession », il arrivait souvent que l’épouse aide son mari, travaille avec lui, et qu’on écrive quand même « sans profession », ça ne veut pas dire grand’chose.
Mamy, Mamy, on pourrait écrire nous aussi une petite poésie comme la sienne ! Ça a pas l’air si difficile ! J’essaie tout de suite : Je naquis … mais pas au Havre …
Allez, j’essaie aussi ! C’est peut-être pas aussi facile que ça : sa poésie est rimée et il alterne un alexandrin en 12 syllabes et un hexasyllabe en 6 …
Quelque temps plus tard, après s’être entraidées pour les idées et l’écriture …
Allez, allez, ça y est Mamy, je lis :
Je naquis le six novembre à trois heures
Près de Caen, à Honfleur
Ma mère professeure, mon père ingénieur
Nageaient dans le bonheur
BRAVO !
Et toi ?
Je naquis en cinquante-neuf, le dix janvier
Dans l’Orne : Alençon
Ma mère secrétaire, mon père boucher
Attendaient un garçon
Oh ! Mamy, je ne savais pas … Comment ça s’est passé pour toi alors ?
Ils m’ont appelée Michèle avec un « e » et, une fois la déception passée, ils m’ont aimée, surtout ma mère.
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