
— Mamy je viens de trouver cette image sur internet. On dirait une bande dessinée ancienne. C’est bizarre les enfants sont à l’école et tous en uniforme ! Certains portent même un fusil. C’est bizarre, ça a existé ?
— Oui Camille ça a réellement existé. On appelait cela les bataillons scolaires.
— Bataillons scolaires ? Comme un bataillon militaire ?
— En quelque sorte.
— Des enfants qui s’amusaient à faire la guerre ? Je n’en reviens pas !
— C’est un peu plus compliqué que cela. Je vais t’expliquer. Tu sais qu’il y a eu une guerre en 1870 ?
— Oui la guerre où la France a perdu l’Alsace et la Lorraine ?
— C’est cela ! Suite à la défaite cinglante de la France en 1871 la perte de ces deux provinces ont engendré un vif sentiment de revanche. Il fallait préparer les esprits et les générations futures à se battre pour récupérer l’Alsace et la Lorraine. Alors en juillet 1882, le ministère de l’Instruction Publique - l’Education Nationale de l’époque – créa officiellement les bataillons scolaires dans tous les établissements scolaires et secondaires de plus de 200 élèves pour tous les garçons de 12 ans et plus. Cela officialisait et encadrait tout ce qu avait pu être mis en place dans certaines communes depuis la défaite.
— Et pas pour les filles ?
— Euh non. Car à cette époque seuls les hommes faisaient leur service militaire.
— Et qu’est ce qu’on y faisait dans ces bataillons militaires ?
— Tout ce qu’un soldat devait savoir pour se battre : apprendre à défiler au pas, apprendre à tirer pour les plus âgés…La gymnastique était également au programme. Les bataillons scolaires participaient aux fêtes républicaines comme le 14 juillet.
— Ils avaient un fusil ?
— Oui. Des reproductions en bois pour les plus jeunes et de véritables fusils pour les plus âgés. On organisait même des championnats de tir entre les écoles. Et tout ça était encadré par les instituteurs et d’anciens militaires.

— Et ils portaient tous un uniforme ?
— Non. L’uniforme n’était pas obligatoire car il coûtait cher et tout le matériel était à la charge des communes.
— Et comment ça s’est terminé ?
— Ils ont été supprimés en 1892.
— Pourquoi ?
— Il y avait de plus en plus d’opposition de toute part. De l’armée tout d’abord qui voyait d’un mauvais œil que des civils se chargent de l’instruction militaire. L’Église ensuite car cette « éducation militaire » était également imposée dans les écoles privées catholiques. Les instituteurs sont devenus de plus réticents à enseigner cette « discipline ». Enfin les communes qui devaient assurer l’achat du matériel. Petit à petit, cet enseignement a été abandonné.
— Tant mieux, je n’aime pas jouer à la guerre !
— Mais l’histoire ne s’arrête pas là ! Des sociétés de tir et gymnastique prendront le relais des bataillons scolaires, entretenant de ce fait la fibre patriotique et le côté « tu seras soldat ». Mais c’est une autre histoire…. !
— Oui je sais, la guerre 1914-1918.
— C’est cela !
* image d’Epinal : Une image d'Épinal est une image représentant un sujet populaire et de couleurs vives.
Ces images étaient vendues autrefois par des colporteurs et doivent leur nom à Jean-Charles Pellerin, qui fut le premier imprimeur à éditer en série ce type d'image, et qui habitait Epinal dans l’Est de la France.
Jean-Marc pour les J&G
