dimanche 2 novembre 2025

B comme bataillon militaire

— Mamy je viens de trouver cette image sur internet. On dirait une bande dessinée ancienne. C’est bizarre les enfants sont à l’école et tous en uniforme ! Certains portent même un fusil. C’est bizarre, ça a existé ?

Oui Camille ça a réellement existé. On appelait cela les bataillons scolaires.

Bataillons scolaires ? Comme un bataillon militaire ?

En quelque sorte.

Des enfants qui s’amusaient à faire la guerre ? Je n’en reviens pas !

C’est un peu plus compliqué que cela. Je vais t’expliquer. Tu sais qu’il y a eu une guerre en 1870 ?

Oui la guerre où la France a perdu l’Alsace et la Lorraine ?

C’est cela ! Suite à la défaite cinglante de la France en 1871 la perte de ces deux provinces ont engendré un vif sentiment de revanche. Il fallait préparer les esprits et les générations futures à se battre pour récupérer l’Alsace et la Lorraine. Alors en juillet 1882, le ministère de l’Instruction Publique - l’Education Nationale de l’époque – créa officiellement les bataillons scolaires dans tous les établissements scolaires et secondaires de plus de 200 élèves pour tous les garçons de 12 ans et plus. Cela officialisait et encadrait tout ce qu avait pu être mis en place dans certaines communes depuis la défaite.

Et pas pour les filles ?

Euh non. Car à cette époque seuls les hommes faisaient leur service militaire.

Et qu’est ce qu’on y faisait dans ces bataillons militaires ?

Tout ce qu’un soldat devait savoir pour se battre : apprendre à défiler au pas, apprendre à tirer pour les plus âgés…La gymnastique était également au programme. Les bataillons scolaires participaient aux fêtes républicaines comme le 14 juillet.

Ils avaient un fusil ?

Oui. Des reproductions en bois pour les plus jeunes et de véritables fusils pour les plus âgés. On organisait même des championnats de tir entre les écoles. Et tout ça était encadré par les instituteurs et d’anciens militaires.

Et ils portaient tous un uniforme ?

Non. L’uniforme n’était pas obligatoire car il coûtait cher et tout le matériel était à la charge des communes.

Et comment ça s’est terminé ?

Ils ont été supprimés en 1892.

Pourquoi ?

Il y avait de plus en plus d’opposition de toute part. De l’armée tout d’abord qui voyait d’un mauvais œil que des civils se chargent de l’instruction militaire. L’Église ensuite car cette « éducation militaire » était également imposée dans les écoles privées catholiques. Les instituteurs sont devenus de plus réticents à enseigner cette « discipline ». Enfin les communes qui devaient assurer l’achat du matériel. Petit à petit, cet enseignement a été abandonné.

Tant mieux, je n’aime pas jouer à la guerre !

Mais l’histoire ne s’arrête pas là ! Des sociétés de tir et gymnastique prendront le relais des bataillons scolaires, entretenant de ce fait la fibre patriotique et le côté « tu seras soldat ». Mais c’est une autre histoire…. !

Oui je sais, la guerre 1914-1918.

C’est cela !

* image d’Epinal : Une image d'Épinal est une image représentant un sujet populaire et de couleurs vives.

Ces images étaient vendues autrefois par des colporteurs et doivent leur nom à Jean-Charles Pellerin, qui fut le premier imprimeur à éditer en série ce type d'image, et qui habitait Epinal dans l’Est de la France.

 Jean-Marc pour les J&G









samedi 1 novembre 2025

A comme album

 Camille, notre petite généalogiste en herbe, est plongée dans l'album photos que lui a sorti son grand-père.

Papy, ouvrir cet album, c'est un peu remonter le temps !

C'est vrai que cela ne me rajeunit pas. Est-ce que tu reconnais certains visages ?

Ici, le petit garçon très sérieux, qui est-ce ?

C'est mon père, ton arrière grand-père. C'est un portrait officiel, sans doute à l'occasion de sa première communion vu les vêtements et le décor utilisé par le photographe.

Tu veux dire qu'on allait chez le photographe pour être pris en photo ?

Et oui, à une époque pas si lointaine, on allait chez le photographe et seulement pour les grandes occasions. On ne prenait pas de photos tous les jours ! Les photos étaient rares et marquaient les grandes étapes de la vie.

Mais alors pourquoi cette tête d'enterrement ? On dirait que les gens ne souriaient pas beaucoup avant.

— Peut-être parce qu'il fallait rester immobile très longtemps pour prendre une photo. Sourire, c’était risqué : on bougeait trop !

- Papy, pourquoi tu gardes toutes ces photos ?

- Parce qu’elles racontent notre histoire. Chaque photo est une histoire liée à une branche de notre arbre. Il faut enquêter pour mettre des noms sur les visages, des dates, des lieux, faire des liens.
— Alors, un jour, ce sera moi sur les photos ?
— Bien sûr. Et peut-être que ta petite-fille les regardera à son tour, en se demandant qui tu étais. C'est pour cela que ta grand-mère annote tout avec soin. Rien de plus frustrant que des photos sans nom et sans date...

-  On a les dates et les prénoms sur le téléphone, mais je préfère ces vieilles photos, Papy, elles sentent le papier jauni et le temps qui passe. Leurs coins sont usés, comme si elles avaient voyagé de main en main, en gardant un peu de chaque personne qui les a touchées !

Céline pour les J&G