samedi 8 novembre 2025

H comme hagiographie

 Aujourd’hui Camille accompagne sa grand-mère à l’église du village qu’une bonne partie de leurs ancêtres ont fréquentée pour leur baptême, leur mariage ou leur messe d’enterrement.

La petite fille lui pose des questions sur les statues de saints.

  • Là, tu as saint Martin, patron de l’église ; à côté c’est saint Vincent, fêté par notre confrérie vigneronne tous les 22 janvier ; ici, Sainte-Jeanne d’Arc, Patronne secondaire de la France, depuis 1922.

  • Qui est la première alors ?

  • La Patronne principale est la Vierge Marie.

  • Mais pourquoi parle-t-on de Patrons et Patronnes pour désigner les saints ?

  • Le nom vient du latin « pater », le père. Ainsi le saint Patron d’une église est celui choisi pour protéger la communauté chrétienne du village.

  • Mais il y a d’autres statues de saints et de saintes dans l’église ; ils sont quoi alors ?

  • Ils sont protecteurs d’une partie de la communauté. Je t’ai montré saint Vincent, patron des vignerons ; il y a aussi saint Eloi, patron des agriculteurs, ou encore saint Fiacre qui protège les jardiniers. Toutes les corporations de métiers avaient leur saint particulier. Les femmes enceintes priaient sainte Marguerite, les malades priaient tel ou tel saint pour leur guérison, comme saint Blaise invoqué contre le mal de gorge.

  • Mais, comment fait-on pour les reconnaître lorsque leur nom n‘est pas indiqué ?

  • Il faut regarder leurs attributs, c'est-à-dire l’objet ou l’animal qui les accompagne, et connaître leur vie. Saint Vincent, encore lui, a toujours une grappe de raisin dans la main. Son nom est composé de vin et de sang ; on dit que le vin est le sang de la vigne.

  • Là, nous sommes devant un tableau représentant un saint non identifié. Il montre une blessure à la cuisse et à ses pieds se trouve un chien tenant quelque chose dans sa gueule. Qui est-ce ?

  • C’est saint Roch. Tiens, je vais te raconter sa vie. Roch naquit à Montpellier, entre 1348 et 1350, en pleine guerre de Cent Ans, pendant la grande peste noire. Il étudia la médecine et fut confronté très jeune aux terribles épidémies de peste de 1358 et 1361, dont il fut atteint. Il se rendit alors péniblement jusqu’à un bois pour y mourir. À cet endroit, une source jaillit et un chien lui apporta chaque jour un pain qu’il dérobait à son maître. Il recouvra la santé et retourna auprès des pestiférés. L’Eglise le fête partout en occident. Il fait l’objet de pèlerinage pour la guérison des épidémies. Il est toujours représenté avec un bâton de pèlerin, montrant le bubon de peste sur sa cuisse. Un chien se tient à ses pieds avec un pain dans sa gueule. Savais-tu que lors de l’épidémie de Covid, certaines paroisses le placèrent à l’entrée de l’église ?

  • Non. Mais, Mamy, comment sais-tu tout ça ?

  • Parce que depuis longtemps, je m’intéresse à l’hagiographie, c’est-à-dire l’histoire de la vie des saints. Lorsque tu visites un musée, une église, tout n’est pas expliqué. Il faut alors avoir les connaissances nécessaires pour comprendre ce qui t’est présenté. Elles permettent également la compréhension de certaines coutumes, traditions populaires et légendes.

  • Hagiographie ! Il vient d’où ce mot ?

  • Son étymologie est construite sur deux termes grecs signifiant « saint » et « écrire ». Connaître leur histoire aide aussi à interpréter les attributs avec lesquels ils sont représentés.

  • Mais où trouve-t-on ces vies de saints et pourquoi ont-elles été écrites?

  • Au départ, elles étaient lues aux paroissiens pour célébrer les saints et expliquer leurs miracles. Elles sont désormais rassemblées dans des livres. Rentrons à la maison, je vais t’en confier un.



Philippe pour les J&G

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