mercredi 12 novembre 2025

K comme kouign

-  Camille, tu peux aller chercher un torchon dans l’armoire ? 

La petite généalogiste bondit de sa chaise et file vers la cuisine, où l’attend sa grand-mère.

- Tu es prête, Mamy ?
- Chose promise, chose due ! On va faire quelques crêpes... À moins que tu n’en aies pas envie ? 

Elle se dirige joyeusement vers l’armoire pendant que sa grand-mère sort les ingrédients et les ustensiles.

- Regarde le torchon que j’ai trouvé tout au bas de la pile !

Camille brandit un vieux torchon aux couleurs un peu passées. Au centre, une recette est encadrée de motifs bretons : des personnages coiffés de chapeaux ronds tiennent une galette sablée presque aussi grande qu’eux. Le titre, en lettres bleues, annonce fièrement :

« Kouign-amann » 


- La recette du kouign-amann ! s’exclame Mamy en riant. Je ne me souvenais plus de ce torchon. Je crois que c’est un cadeau de ma sœur, ta grand-tante. 

Camille fronce les sourcils :
- Le kouign-amann, Mamy, c’est un gâteau au beurre ? J’en ai goûté pendant nos vacances en Bretagne. 

Mamy acquiesce :
- En breton, kouign signifie "gâteau" et amann, "beurre".

Camille sourit :
- Je sais ! Il a été inventé par un boulanger de Douarnenez qui craignait de manquer de pâtisseries pour ses clients.
- Tu connais donc la recette : farine, levure de boulanger, sucre et surtout, beaucoup de beurre salé ! 

Malgré son jeune âge, Camille en connaît déjà un rayon. Mais Mamy a encore quelques anecdotes à partager.

- Les Bretons ont décliné le kouign en plusieurs variantes : kouign pitilig, c’est le gâteau à la poêle, et kouign patatez
- Gâteau de patates ? tente Camille. 

Mamy éclate de rire :
- Voilà que tu parles breton, ma belle ! Mais oui tu as raison ! C’est une galette faite de farine de sarrasin et de purée de pommes de terre. On la déguste avec une salade. C’est une spécialité du Morbihan, près de Vannes. 

Camille réfléchit un instant :
- Dis, Mamy, tu crois qu’il y a des gens qui s’appellent "Kouign" ?
- Je n’ai jamais croisé ce nom dans mes recherches généalogiques. Mais dans les inventaires après décès de nos ancêtres bretons, on trouve souvent plusieurs crêpiers parmi les ustensiles de cuisine. 

Camille, d’ordinaire passionnée par les archives et les vieux papiers, ne relève pas. Elle est déjà repartie chercher la balance pour préparer la pâte.

Quand elle revient, Mamy fouille dans le frigo, puis brandit un petit cube :
- Voilà, voilà… J’ai demandé à Papy d’acheter de la levure de boulanger hier. Je pensais faire une brioche, mais puisque nous parlons de kouign, tu vas goûter la variante bigoudène.

La grand-mère et sa petite-fille discutent joyeusement tout en préparant la pâte. Le temps suffisant pour enrichir nos connaissances culinaires.

Au chapitre des kouigns, on peut encore citer le pain doux - bara dous en breton - ou kouign des Gras, une brioche que l’on dégustait en février. Aujourd’hui, on en trouve toute l’année dans les boulangeries du pays Bigouden.

Et si vous ne savez pas ce qu’est une kouign, imaginez une sorte de pancake... ou peut-être que c’est le pancake qui est une kouign bigoudène !

La recette en est simple : une pâte à crêpes sucrée avec de la levure de boulanger. À cuire sur la billig pour les puristes. Mais si vous n’en avez pas, une poêle fera très bien l’affaire.

Et justement Mamy et Camille sont prêtes à vous la transmettre.

Bigoudenjoy, site officiel des offices de tourisme du pays bigouden


Laurence pour les J&G




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