lundi 23 décembre 2024

Des liens obligatoires?

    Cette BD envisage les liens familiaux d'un point de vue particulier. L'autrice se demande comment réagir face à un père, totalement absent durant sa jeunesse, qui veut renouer le contact.

 Les liens biologiques sont-ils plus forts que les autres? Faut-il privilégier la famille biologique, même nocive, plutôt que la famille de cœur? Ces questions guident la réflexion de cet ouvrage et peuvent être posées à tout âge dans de nombreuses familles.

Le côté enfantin, coloré et joyeux du dessin permet d'aborder ce sujet, douloureux pour certains, presqu'avec légèreté. Cette BD aide chacun à trouver sa réponse et déculpabilise l'enfant, même devenu adulte.

A lire en famille pour ouvrir le dialogue. A offrir aussi!

Les liens du sans, c'est quoi un père?, de Samboyy aux éditions Leduc, 2024

lundi 9 décembre 2024

#Genea ou comment je suis tombée dans la généalogie toute petite ! Episode 54

 Merci à Cassandre pour son témoignage

Je m’appelle Cassandre, au moment où j’écris cet article je suis en seconde. Au cours de mes années au collège plus particulièrement mon année de 3e j’ai réalisé des recherches généalogiques sur mes ancêtres.

J’ai commencé mes recherches grâce à un professeur qui a ouvert un club de généalogie pendant les pauses méridiennes puis en 3e j’ai décidé de faire un oral avec comme titre “Comment l'île de mes ancêtres, la Réunion a-t-elle été marquée par l'esclavagisme et la colonisation ? ”

Dans celui-ci j’ai présenté l’île et certaines parties de son histoire concernant surtout l’esclavagisme et sa colonisation et j’ai pu, grâce à mes recherches, faire un lien intéressant avec mes ancêtres.

Dans ma conclusion d’orale j’ai donc écrit :

« J’ai décidé de vous parler de ce sujet car j’ai moi-même des origines réunionnaises, j’ai actuellement de la famille qui y vit et en faisant des recherches généalogiques sur mes ancêtres j’ai pu découvrir que plusieurs générations de ma famille ont vécu cet esclavage.

Certains de mes ancêtres étant du peuple des Malbars. Ils sont donc normalement arrivés des Indes. D’autres viennent de Madagascar.

En approfondissant mes recherches j’ai pu découvrir que certaines femmes de ma lignée sont citées avec la mention « mari inconnu » avec des enfants ce qui laisse croire qu’elles ont pu être sexuellement abusée.

Ensuite, certains de mes ancêtres qui ont été renommés par des colons se sont retrouvés avec des noms de famille humiliant tel que « esclave » ou même « métro » ce qui nous prouve la traite déshumanisée de ces esclaves. »

A l’issu de cet examen j’ai obtenu la note maximale et de bon retour à propos de mon oral. D’après mes professeurs mes recherches sur ma famille ont rendu mes propos encore plus intéressants car elles m’ont permis de m’approprier encore davantage mon sujet, de faire un lien personnel original et cela a montré mon investissement dans la réalisation de cet oral.

J’ai beaucoup apprécié de réaliser ce travail qui m’a permis d’en apprendre davantage sur l’histoire de ma famille et de mes origines, je n’en suis absolument pas honteuse au contraire, je trouve très inintéressant de constater que malgré ce passé, les générations ont continué et que de nos jours je puisse vivre ma vie sans faire face au même malheur que mes ancêtres.


samedi 30 novembre 2024

Z comme Zola

 — Papy, les Rougon-Macquart, tu connais ? Je dois préparer un exposé là-dessus pour la semaine prochaine ! Je me suis dit que tu allais peut-être pouvoir m’aider, c’est une histoire de famille !

On est même complètement dans la généalogie ! C’est un élément clé de l’œuvre d’Émile Zola, l’auteur de cette saga romanesque de vingt livres ! Il a voulu étudier une famille, les Rougon-Macquart, sur plusieurs générations. Tous les personnages de ces romans sont liés par des liens de parenté. D’ailleurs, peut-être que tu devrais commencer par essayer de décrypter cette généalogie.

C’est justement ce que je dois faire ! L’idée, c’est de mieux comprendre cette famille pour qu’on puisse étudier des extraits des romans en classe !

Attends, je reviens, Camille… Rien de mieux que d’avoir l’arbre généalogique sous les yeux pour s’y retrouver… Et justement, Zola nous a laissé des croquis avec des arbres annotés. Voilà !

Si je comprends bien, tout part d’un ancêtre commun. Adélaïde, c’est ça ?

Exactement. Tous les personnages sont les descendants d'Adélaïde Fouque. Cette femme, d'origine modeste, se marie à un jardinier, Rougon dont elle aura un fils, Pierre.

Oui, c’est la branche de droite ! Et à gauche alors ?

Après la mort de son mari, Adélaïde entame une relation avec un contrebandier nommé Macquart. De cette union, regarde, naissent deux enfants !

Antoine et Ursule ?


Exactement. La saga va suivre le destin des descendants d’Adélaïde sur trois générations. Pour Zola, les destins individuels sont influencés par l'hérédité et le milieu social, c’est pourquoi on retrouvera dans chaque branche des caractéristiques bien précises. Ainsi, les Rougon sont souvent ambitieux et avides de pouvoir tandis que les Macquart luttent avec des problèmes comme l’alcoolisme et la violence ! Je te laisse poursuivre tes recherches et essayer de repérer quelques personnages clés comme Gervaise ou Aristide. De mon côté, je crois que je vais me replonger dans cette saga….

Bonne lecture, Papy !

Céline pour les J&G

vendredi 29 novembre 2024

Y comme les "yaya"

- Qu’est-ce que tu lis Camille ?

- Un roman d’amour. C’est l’histoire d’un garçon et d’une fille qui n’auraient jamais dû se rencontrer mais que la guerre a réuni. Pour le moment on ne sait pas s’ils vont pouvoir rester ensemble. J’ai hâte de finir mon livre.

- Ça me rappelle l’histoire de l’oncle Emile et la tante Yaya.

- Raconte Mamy, j’adore ce genre d’histoire.

- Eh bien la tante Yaya est née à Strasbourg, elle avait 18 ans lorsque la guerre a éclaté. Une partie de la population alsacienne, celle qui se trouvait le long du Rhin, a été évacuée et c’est comme ça qu’elle et sa famille se sont retrouvés dans le Périgord.

- Continue Mamy.

- Pour la tante Yaya et sa famille ça n’a pas été facile. Après un long voyage en train, ils sont arrivés avec 30 kilos de bagages dans une région dont ils ignoraient tous. De leur côté, la population périgourdine avait du mal à comprendre pourquoi ces Alsaciens parlaient la langue de l’ennemi, langue qui était en fait du dialecte alsacien. Et comme lorsqu’ils répondaient par « yaya » lorsqu’on leur posait une question, les Périgourdins les ont surnommés les « yaya ».

- Ok, je comprends maintenant pourquoi dans la famille l’épouse de l’oncle Emile était appelé la tante Yaya. Mais ça ne me dit pas comment ils se sont rencontrés.

- Eh bien ils se sont tout simplement croisés à la sortie de la messe. Ils se sont retrouvés en secret puis se sont respectivement présentés leurs parents qui ont accepté qu’ils se marient. Lorsque l’Alsace a été libérée, les parents de la tante Yaya sont rentrés à Strasbourg. Quand à la tante Yaya elle est restée dans le Périgord, a fini par perdre son accent mais n’a jamais oublié ces racines.

- Mais dis-moi, il n’y aurait pas un lien entre cet événement et les jumelages qu’on peut lire à l’entrée des villages du Périgord ?

- Exactement, après-guerre de nombreux villes et villages alsaciens et périgourdins se sont jumelés pour garder les liens qu’ils avaient construit pendant la guerre. Elle t’a plu mon histoire Camille ?

- Yaya !

Lionel pour les J&G

jeudi 28 novembre 2024

X comme X, Tiktok et la généalogie

 

image générée par une IA, créateur d’image dans Bing
                              

Papy, tu es encore sur Facebook ?

Depuis que j’ai découvert comment l’utiliser pour mes recherches en généalogie, j’y vais de temps en temps ! J’ai même ouvert une page Twitter !

Ah, tu veux dire X, anciennement appelé Twitter !

— Oui, c’est aussi une plateforme intéressante pour suivre les dernières nouvelles en généalogie et pour échanger autour de nos pratiques. Sur X, tu peux suivre des comptes spécialisés en généalogie ou participer à des discussions et suivre des actualités via des hashtags comme #généalogie ou #genealogy! Je ne rate plus une seule information du compte de l’association Les Jeunes & la généalogie, @jeunesetgenea ! Il m’est même arrivé de poser une question par rapport à une épine généalogique et d’avoir une réponse dans la minute… La magie de l’entraide sur les réseaux !

Tu m’impressionnes, mon petit Papy ! Il ne te reste plus qu’à te mettre à TikTok, le réseau social de vidéos au format court ! J’ai vu qu’il y a une communauté généalogique qui partage des astuces et des conseils. Allez, je te montre !

Céline pour les J&G


mercredi 27 novembre 2024

W comme wassingue

Camille était en train de décorer son arbre généalogique quand catastrophe….

Zut Mamy, j’ai renversé de la peinture par terre

Ce n’est pas grave, va me chercher la wassinge et le seau que l’on nettoie.

La wa...quoi ?

La wassingue, la serpillière si tu préfères.

Quel drôle de mot pour désigner une serpillière ?

C’est pourtant un mot qu’on utilisait couramment dans ma famille.

Dans ta famille ? Pourtant Maman ne l’utilise jamais.

C’est bien dommage. Les traditions se perdent.

Mais d’où vient-il, ce mot ?

Wassingue vient du Nord de la France d’où sont originaires une partie de tes ancêtres.

Ah oui, je me souviens.

C’est cela. Wassingue est tiré du flamand « wassching » qui désigne l’action de laver. D’ailleurs toi qui fais de l’anglais au collège, peux-tu me traduire le verbe laver en anglais ?

Euh, to wash je crois.

Exact : to wash / washing on n’est pas loin !

Wassingue désigne donc une serpillière !

Oui, mais dans d’autres régions de France, on va parfois préférer un autre mot.

Ainsi , on peut la nommer "loque" ou encore "bâche". En Provence Alpes Côte d’Azur, c’est la "pièce" qu’on passe au sol, tandis qu'en Languedoc on parle de la "peille" ou de la "frégone" en Catalogne. En Normandie, la serpillière devient une "toile", tandis qu’à l’Est on dit "panosse", ou encore "patte" en Franche Comté et dans la région lyonnaise. À l’Ouest, on parle de "cinse". * (Panosse, patte, wassingue ou serpillère? - RTN votre radio régionale ).

Eh bien ça fait beaucoup de mots différents pour désigner une simple serpillière !

- Je ne te le fais pas dire !

Jean-Marc pour les J&G


* source : La dépêche du Midi.



mardi 26 novembre 2024

V comme voyager

- Dis, Papy, est-ce que tu vas encore chercher des actes d’état civil tout l’après-midi sur l’ordinateur ? J’aime bien ça mais comme on l’a déjà fait hier, je préférerais qu’on aille se balader aujourd’hui.

- Bien sûr, Camille, pas de problème ! Laisse-moi juste le temps de prendre mon manteau.

- Attention, Papy, tu as fait tomber un document de ton bureau. Qu’est-ce que c’est ?

- Oh, ça... c’est une vieille carte routière qui m’a permis il y a plusieurs années de faire un voyage un peu particulier.

- Un voyage ? Où ça ?

- Eh bien, comme tu le sais, notre famille a des origines aux quatre coins de la France : j’ai un grand-père basque, un autre normand, une grand-mère provençale et la dernière iséroise. Tu te souviens, on a travaillé sur sa généalogie la semaine dernière et je te l’ai aussi montrée en photo ?

- Ah oui... elle portait une belle robe avec un tablier et une sorte de bonnet en dentelle sur la tête. Qu’est-ce qu’elle était belle !

- Exactement, c’est elle. Le hasard de la vie a fait que je n’étais jamais allé moi-même là où elle est née et où elle a grandi. Quand elle avait 23 ans, elle est tombée amoureuse d’un Normand qui était de passage, elle l’a épousé et ils sont partis vivre chez lui, en Normandie. Ni mes grands-parents ni mes parents ne nous ont ensuite beaucoup parlé de cette partie de notre arbre généalogique. Alors, un jour, j’ai décidé de découvrir par moi-même l’univers d’enfance de ma grand-mère. J’ai profité d’avoir des vacances pour prendre ma voiture et me lancer à l’assaut du Dauphiné !

- Le Dauphiné ?

- Oui c’est comme ça qu’on appelait l’Isère autrefois... tout simplement car le blason des seigneurs de cette province comportait… un dauphin !

- Je trouve cet animal merveilleux !

- Me voilà donc parti de Caen. Une fois passé Lyon, je décidai de quitter l’autoroute et d’emprunter les routes de campagne pour arriver à La-Côte-Saint-André, la petite ville où elle était née.

- Oh là là mais ce n’était pas trop long et ennuyeux ce voyage, Papy ?

- Pas du tout. Par exemple, peu de temps avant d’arriver à La-Côte-Saint-André, il m’est arrivé une petite surprise.

- Laquelle ?

- Eh bien imagine-toi qu’il y avait devant ma voiture et moi une série de plusieurs collines. J’étais ainsi obligé de monter puis de descendre avant de remonter encore…

- Ah comme des montagnes russes ? Ça devait être amusant ça !

- Exactement ! Et j’ai compris plus tard que tous les espaces entre ces collines avaient été creusés par de gigantesques glaciers qui descendaient jusque là il y a des milliers d’années. Quand les glaciers se sont mis à fondre, ils ont laissé ce paysage si particulier.

- Ah, on peut dire que c’est un peu comme si tu avais eu un tour de manège gratuit grâce à la Préhistoire alors ?

- (en riant) Oui voilà, on peut dire ça comme ça.

- Et ensuite, Papy ? Tu as fini par arriver à ta destination ?

- Oui et c’est là que j’ai enfin pu découvrir de mes propres yeux les paysages dans lesquels avait grandi ma grand-mère. Je suis descendu de la voiture et me suis assis sur un rocher. J’ai vu les lignes vert pâle que formaient les vignes, un vaste champ de blé qui ressemblait à un grand ruban, un bois sombre qui avait l’apparence du velours ; le rouge des tuiles des vieilles fermes, des touffes de trèfle tantôt vertes tantôt violettes, des colzas, jaunes comme des boutons d’or… et au loin, à l’Ouest, en levant la tête, j’ai vu les Alpes qui formaient une longue bande bleutée comme parsemée d’argent à chaque fois que la neige qui la couvrait étincelait au soleil.

- C’est magnifique, Papy! On dirait que tu parles d’un tableau.

- C’est marrant que tu emploies ce mot, Camille ! Je me souviens avoir eu exactement la même impression à l’époque : être comme devant une œuvre d’art. J’ai alors compris la chance qu’avait eue ma grand-mère de grandir dans un si bel endroit. J’ai ensuite repris la voiture pour arriver à La-Côte-Saint-André. Sur la place de mon hôtel, c’est la statue d’un homme célèbre qui m’a accueilli.

- Qui ça ?

- Hector Berlioz, un immense musicien français.

- Oh je le connais, on a écouté des extraits de ses œuvres l’autre jour en classe.

- Eh bien il est né à La-Côte-Saint-André comme ton arrière-arrière-grand-mère.

- Mais alors, Papy, nous sommes peut-être cousins avec lui ?

- Peut-être, oui… ! Bon alors, tu es prête, on va la faire cette balade ?

- Oh non, finalement je préfère qu’on reste ici. Continue à nous faire voyager Papy, s’il-te-plaît !

Julien pour les J&G


lundi 25 novembre 2024

U comme un soldat

  • Bonjour Papy, j’ai trouvé une boite de photos et il y en a une qui m’intrigue.

  • Laquelle ma chérie ?

  • Celle sur laquelle il y a un monsieur assis sur une chaise et qui tient une canne. Il n’a pas l’air aimable !

  • Je sais qui c’est, c’est Dominique Pierre, mais j’ai mis 20 ans pour trouver ce qu’il a fait dans sa vie.

  • Et c’est qui ?

  • C’est l’arrière-grand-père de mon grand-père.

  • Waouh ! Il est né quand ?

  • En 1795 dans une commune du nord de la France, à Bourbourg. Ma grand-mère me racontait que nous avions un ancêtre qui avait été capitaine dans les armées impériales de Napoléon 1er et elle pensait que c’était lui.

  • C’était vrai ?

  • Oui et non. En fait j’ai toujours pensé que ma grand-mère avait gardé dans sa mémoire familiale le fait que nous avions un ancêtre militaire parce que dans la boite de photos que tu as trouvé il y a également celle d’un jeune homme en habits de militaire, avec une épée à la ceinture sur un fond représentant des chevaux.

  • C’était lui ?

  • Non cela ne pouvait pas être lui car l’invention de la photo date de 1840 et le jeune homme est né en 1850, en plus il descendait de notre branche britannique (mais c’est une autre histoire). Cela ne collait pas ! En plus j’ai fait des recherches au Service historique de la Défense à Vincennes et je n’ai pas trouvé de dossier de capitaine, de lieutenant ou d’un autre grade.

  • Donc ta grand-mère a tout mélangé ?

  • Elle avait gardé en mémoire cette histoire familiale : lorsque j’ai cherché je me suis rendu compte que Dominique Pierre, devenu orphelin de père s’était engagé à l’âge de 17 ans et 6 mois (en trichant un peu sur son âge) dans la garde impériale de l’empereur en 1813 et qu’il avait été démobilisé en 1814, lors de l’abdication de l’empereur en 1814 à Fontainebleau.

  • Quelle histoire ! Donc ta grand-mère n’avait pas complètement tort ?

  • Eh non ! Comme quoi il y a souvent une part de vérité dans les histoires familiales. En particulier que Dominique Pierre a survécu aux guerres impériales et qu’il devint notaire. C’est pourquoi il est pris en photo, juste avant sa mort vers 1850, mais on ne souriait pas sur les photos à l’époque.

François pour les J&G

samedi 23 novembre 2024

T comme transmission


  • Quand je serai âgée Camille, Maman et Papa viendront peut-être habiter dans ma maison, je ferai une transmission de patrimoine.

  • Oui j'aimerai bien venir dans ta maison, Mamy. Mais que veut dire le mot transmission ?

  • La transmission de patrimoine c'est donner un bien ou de l'argent à un membre de la famille. Mamy donnera la maison à Maman et Papa.

  • C'est gentil de ta part Mamy.

  • La transmission c'est aussi faire passer une information, une tradition, une passion.

  • Ce mot n'est pas facile à expliquer.

  • J'aime la généalogie et je peux te transmettre ma passion en t'emmenant aux archives et t'apprendre où faire des recherches etc...

  • Allez on y va!

Agnès pour les J&G


vendredi 22 novembre 2024

S comme signature


– Dis-moi Mamy, pourquoi Papy et toi vous avez mis des signatures et pas toujours des portraits sur votre arbre généalogique? Moi je préfère voir à quoi ressemblaient nos ancêtres. Une signature ça ne veut rien dire, tout le monde sait signer !!

- Camille ma chérie, tous nos ancêtres n’avaient pas les moyens de payer un peintre pour faire leurs portraits avant que la photographie ne voit le jour. C’est pourquoi avec Mamy, nous mettons pour certains de nos aïeux leur signature en guise de photo. Si aujourd’hui tout le monde sait écrire et signer, ça n’a pas toujours été vrai dans le passé où l’instruction n’était pas obligatoire ou réservée à une élite. 

- C’est pourquoi, une signature reflète un peu, voire beaucoup, le niveau d’instruction de nos ancêtres. C’est comme une photo de leur vie comprends-tu ? 

Sortant le gros classeur où sont rangés les documents généalogiques de la famille, Papy explique à Camille les signatures :


- Vois-tu Camille sur cet acte de mariage la marque apposée par les époux ?? C’est une croix. Ni l’un ni l’autre ne sait écrire ni signer. Ce qui nous indique qu’ils ne sont pas allés à l’école et qu’ils ont travaillé dès leur plus jeune âge. Regarde maintenant les signatures sur cet autre acte de mariage de 1804.

- Tu sais ma petite Camille, avant que l’école ne soit obligatoire pour tous les enfants, le fils aîné était souvent envoyé s’instruire, les fils suivants allaient peu à l’école, ils apprenaient à signer avec leur père ou leur frère aîné. Quant aux filles, bien souvent, jamais elles n’étaient instruites. Regarde les signatures des trois enfants de ce couple »


- C’est vraiment injuste !! 

-Heureusement, les enfants désormais apprennent tous à lire, écrire et compter. Et toi, Camille, qui parfois rechigne à aller à l’école heureusement devenue obligatoire...

Camille, maintenant intéressée par ce que les signatures indiquent, feuillette le gros classeur et déniche une fratrie qui sait signer.


- Ah enfin, tous sont allés à l’école et savent écrire et lire !!! Mamy, Papy, vous aviez bien raison, une signature vaut un portrait 

Véronique pour les J&G


jeudi 21 novembre 2024

R comme recherches dans les archives familiales

 Camille arrive chez ses grands-parents un mercredi après-midi, elle trouve son grand-père dans le salon entouré de plusieurs cartons.

    • Dis Papy, qu’est ce que c’est que tous ses cartons ?

    • Ce sont les affaires de mon père. Depuis une semaine, il a quitté son logement pour aller en maison de retraite. Il n’arrive plus à vivre tout seul dans sa maison. Comme il ne pouvait pas apporter toutes ces choses, j’ai récupéré quelques affaires.

Camille aide au rangement. Il y a beaucoup de vaisselles, des couverts, du linge et drap de lit.

Dans un des cartons se trouve des photos et des papiers.

    • Regarde, dans ce carton, il y a les archives familiales. Elle se trouvait dans son bureau. Il y a plein de documents intéressants sur sa maison et une multitude de photos.

    • Est-ce lui quand il était plus jeune ?

    • Oui. Celle-ci c’était pendant son service militaire, celle-là son mariage.

    • Et eux ? Qui sont ces gens ? Le monsieur te ressemble.

    • Ce sont les parents de mon père , ils s'appelaient Achille et Camille, c’était mon Papy et ma Mamy à moi. Mais le surnom n’était pas à la mode. Je les appelle grand-père et grand-mère.

    • Ta grand-mère a le même prénom que moi.

    • Oui, il arrive que certains prénoms soient donnés en mémoire de nos ancêtres. Ta maman a connu son arrière-grand-mère. Et elle a décidé de te donner son prénom.

En fouillant, Camille et son grand-père tombé sur une photo de l’aïeul avec sa femme.

    • Il devait avoir 25 ans à cette époque là. On va prendre cette photo et l’encadrer . On ira l’accrocher dans la chambre pour qu’il garde un souvenir.

    • On pourra en profiter pour lui poser quelques questions sur d’autres photos. Par exemple, il pourra nous dire qui sont les personnes sur cette photo de classe.  

    • C’est une très bonne idée. Car je ne pourrai pas répondre à tes questions sur toutes les photos. Quand nous irons lui rendre visite, nous apporterons quelques photos de temps en temps et nous lui poserons des questions. Il saura en dire plus que moi.

Brice pour les J&G



mercredi 20 novembre 2024

Q comme Queneau

  • Coucou Mamy ! Tu lis quoi ?

  • Bonjour Camille ! Je relis du Raymond Queneau en ce moment.

Mamy montre Chêne et chien à Camille.

  • Ah, tu connais Raymond Queneau, Mamy ? Tu sais, c’est un poète 

  • Toi aussi, tu le connais ? Tu m’étonneras toujours, ma chérie !

  • Ouais ! le maître a parlé d’Exercices de styles, et on a tous essayé, c’était plutôt marrant à faire.

Et, dans la foulée, Camille lit par-dessus l’épaule de Mamy :

Je naquis au Havre un vingt et un février

en mil neuf cent et trois.

Ma mère était mercière et mon père mercier :

ils trépignaient de joie.

Tu crois que c’est vrai ce qu’il raconte ?

  • On peut vérifier, si tu veux.

  • Oui ! Où ? Comment ?

  • Sur le site des Archives départementales de la Seine-Maritime, on peut trouver son acte de naissance.

  • On y va tout de suite ! Je tape quoi ?

  • Site des AD 76, après État civil, après Commune « Havre (Le) », après Typologie « Registres État civil », après Type d’actes « Naissances », après Dates « 1903 » et Rechercher.

  • Du 1er janvier au 30 juin, 629 vues …, c’est beaucoup trop !

  • Attends ! Ça fait en gros 100 par mois, alors pour le 21 février, on se dit environ page 170.

  • Ça commence par le lundi 23 février, on a dépassé.

  • Reviens en arrière alors !

  • J’ai trouvé l’acte de naissance ! Toute la date est écrite en lettres … Raymond Queneau est né le samedi 21 février 1903, c’est bien ce qu’il a écrit au début du poème. 

  • Oui ! On lit la suite … Et ses parents étaient merciers ?

  • Fils de Auguste Henri Queneau, comptable, âgé de 32 ans et de Joséphine Augustine Julie Mignot, sans profession, âgée de 37 ans … Mais, alors, ils n’étaient pas merciers ! Il nous enfume un peu …

  • Peut-être pas vraiment, son père était peut-être comptable chez un mercier … Concernant sa mère « sans profession », il arrivait souvent que l’épouse aide son mari, travaille avec lui, et qu’on écrive quand même « sans profession », ça ne veut pas dire grand’chose.

  • Mamy, Mamy, on pourrait écrire nous aussi une petite poésie comme la sienne ! Ça a pas l’air si difficile ! J’essaie tout de suite : Je naquis … mais pas au Havre …

  • Allez, j’essaie aussi ! C’est peut-être pas aussi facile que ça : sa poésie est rimée et il alterne un alexandrin en 12 syllabes et un hexasyllabe en 6 …

Quelque temps plus tard, après s’être entraidées pour les idées et l’écriture …

  • Allez, allez, ça y est Mamy, je lis :

Je naquis le six novembre à trois heures

Près de Caen, à Honfleur

Ma mère professeure, mon père ingénieur

Nageaient dans le bonheur

  • BRAVO !

  • Et toi ?

  • Je naquis en cinquante-neuf, le dix janvier

Dans l’Orne : Alençon

Ma mère secrétaire, mon père boucher

Attendaient un garçon

  • Oh ! Mamy, je ne savais pas … Comment ça s’est passé pour toi alors ?

  • Ils m’ont appelée Michèle avec un « e » et, une fois la déception passée, ils m’ont aimée, surtout ma mère.

Evelyne pour les J&G

mardi 19 novembre 2024

P comme prénom

  • Mamy, c’est étonnant tous ces prénoms qui se répètent de génération en génération !! Et d’un coup, hop, un prénom que je ne connaissais pas. 

  • Tu sais, Camille, prénommer quelqu'un, c'est lui donner une identité propre
    au sein du groupe qu’est la famille. Le patronyme est collectif et le prénom personnel. C’est une décision importante. Vois-tu Camille, jadis, les parents ne décidaient pas forcément du prénom de leur nouveau-né. »

  • Mais pourquoi Mamy ?? 

  • La tradition voulait que bien souvent l’aîné porte le prénom de son père (si c’est un garçon) et ce prénom était aussi celui du grand-père qui l’avait transmis à son fils.

  • Ah je comprends mieux maintenant pourquoi les prénoms se suivent.

  • Les autres enfants portent le prénom de leur parrain pour les garçons et celui de leur marraine pour les filles... Regarde notre ancêtre Fiacre ... Le seul de la famille à porter ce prénom, qui est celui de son parrain. Le nom du saint local est aussi attribué au nouveau-né... par exemple notre ancêtre Maurice, originaire de Soultz-Haut-Rhin dont l’église est sous la protection de Saint ... Maurice.

  • Et fréquemment tu verras Camille, dans une même fratrie, plusieurs enfants prénommés de la même façon ... Si un petit décédait, alors l’enfant suivant était appelé comme le petit défunt.

  • Souvent tu constateras Camille, que nos ancêtres se font appeler par leur troisième prénom ... Celui que leurs parents ont choisi, les premier et second prénom étant le choix du patriarche ou des parrains et marraine. Depuis le début du XXème siècle, le prénom usuel est le premier.

  • Comme pour moi ! J’ai trois prénoms, Camille le premier et en deuxième celui de toi Mamy, qui est la maman de ma maman et celui de la maman de papa est mon troisième !! Viens avec moi Mamy, on va étudier de près les prénoms qui sortent de l’ordinaire dans notre arbre.

Véronique pour les J&G

lundi 18 novembre 2024

O comme objets

 Camille notre petite généalogiste toujours curieuse demande à ses grands-parents pourquoi un petit meuble trône dans le salon. Il n’est pas du tout dans le style du reste du mobilier.

–  Dis-moi Papy, il est bizarre ce meuble. Pourquoi vous le gardez ici, juste sous notre arbre généalogique ? 

- Ça faisait très plaisir à Mamy d’avoir de petit meuble près d’elle.

- Pourquoi Mamy ?? Et pourquoi juste ici devant notre arbre généalogique ?

- Parce que c’est mon arrière-grand-père qui l’a fabriqué. Il était ébéniste. Tu sais Camille, les objets qui nous sont parvenus au-delà du temps racontent aussi la vie de nos ancêtres. Vois ce joli petit bonheur du jour qui nous parle de ton arrière-arrière-grand-père... Aujourd’hui on appellerait ça un chiffonnier.

- Ton Papy fabriquait des meubles !! Je ne le savais pas Mamy. 

- Oui, Camille il fabriquait du mobilier dans le petit atelier où il avait été apprenti. Nous avons la chance d’en avoir un deuxième fait par lui. La commode qui est dans notre chambre à Papy et à moi, viens la revoir avec un nouveau regard. Regarde comme elle est belle, en bois de rose, avec le dessus en marbre.

- Oh oui ... maintenant que je sais que c’est mon arrière-arrière-grand-papy qui la fabriquée lui-même je le trouve encore plus belle. Mais je n’en voudrais pas dans ma chambre. Tu as d’autres objets de nos ancêtres Mamy ? 

- Va donc voir dans la bibliothèque avec Papy.

D’un petit tiroir, Papy sort alors un vieux livre, tout écorné et qui sent le renfermé.

- Voici le livre de lecture de ma Mamy. Regarde à l’intérieur, tu verras sur la première page « approbation » que la lecture était aussi faite pour accroître les connaissances et apprendre la vertu.

- Ça ne ressemble pas du tout à mon livre de lecture !!!

- Comme tu le constates, ma petite Camille, les objets anciens nous parlent de leur époque et donc nous apprennent bien des détails sur nos ancêtres et sur leur vie qui était différente de la nôtre.

- Papy, as-tu d’autres trésors encore qui nous parlent de temps de nos ancêtres ? 

- Il me reste encore, un tout petit jouet qui était à moi. Regarde ce petit personnage de terre cuite un peu cabossé.

- Ainsi que le pilulier de ma maman, où elle mettait ses médicaments.

- Papy, Mamy, comme vous avez bien fait de garder ces objets. Ils nous rappellent nos aïeux et on peut mieux les imaginer.


Véronique pour les J&G

samedi 16 novembre 2024

N comme naissance


- Dis Mamy, l’autre jour tu disais à Papy en parlant de ta généalogie qu’il te manquait des papiers de naissance. C’est quoi ?

- Camille, quand tu es née, ta naissance a été déclarée à la mairie de la ville où tu es née… C’est obligatoire, c’est un document juridique d’état civil.

- C’est quoi l’état civil ?

- Son histoire trouve ses sources dans les pratiques de l’Église catholique, celui-ci est mis en place avec le décret du 20 septembre 1792 et devient laïc.

- Il sert à quoi l’acte de naissance ?

- Il sert à attester de ta naissance en tant que personne juridique. C’est obligatoire d’enregistrer la naissance d’un enfant dans les 3 jours qui suivent sa naissance. Sans cela un enfant n’existerait pas pour les services de l’État, par exemple pour s’inscrire à l’école !

- Qu’est ce qui est indiqué sur cet acte ?

Nous allons regarder les différentes rubriques de l’acte lui-même :

  • Date et heure de la déclaration,

  • Nom et prénom de l’officier d’état civil qui dresse l’acte,

  • Le lieu,

  • L’identité de la personne qui déclare : bien souvent le père,

  • Le sexe : « un enfant de sexe féminin »,

  • La date et le leu de naissance de l’enfant,

  • L’identité des parents (nom, prénom, profession, statut marital,

  • Les prénoms de l’enfant,

  • Les personnes présentes : identité des témoins,

  • Les signatures de l’acte : les déclarants, les témoins et officiers d’état civil lorsqu’ils le peuvent.

Et dans la marge :

  • Le numéro de l’acte : chaque acte est numéroté,

  • Le nom et prénom de la personne.

Et suivant la vie de la personne, on pourra trouver d’autres mentions que l’on appelle marginales :

  • Reconnaissance d’enfant,

  • Mariage (s)

  • Divorce, décès

- Donc il va me suivre toute ma vie ?

- Oui, absolument pour les événements de ta vie, il sera complété avec la date de ton mariage le cas échéant et avec la date de ton décès. C’est un des actes principaux qui sert à la généalogie avec l’acte de mariage.

Bernard pour les J&G

vendredi 15 novembre 2024

M comme maire


  • Grand-mamie, ma copine Emma m’a montré l’acte de naissance de sa grand-mère et j’ai remarqué que le nom inscrit en marge n’a rien à voir avec les signatures qui se trouvent à la fin de l’acte

  • Ah ! tu en as des choses à apprendre ! Montre-moi cet acte. C’est l’enregistrement de la naissance de Liliane SUPPO qui est née le 28 février 1941. Et les signatures ? Bien sûr, celle du déclarant de l’enfant, son père, Giovanni SUPPO et celle de l’Officier d’état civil qui a enregistré l’acte. Oh ! Surprise ! C’est celle du Maire d’Aubagne, Célestin ESPANET, mon grand-père ! Je t’ai souvent parlé de mon grand-père, mais là, je vais te parler de la fonction de maire. Toutes les communes de France ont un maire qui veille sur ses administrés. Le maire gère la commune dans tous les domaines, il est l’Officier de l’état civil. On retrouve donc sa signature sur un nombre incalculable d’actes.

  • Mais alors, Grand-mamie, quand on fait des recherches généalogiques et que sa signature est à côté de celle de nos ancêtres, on peut dire qu’il fait partie de notre famille ? 

  • Presque, vois-tu, car ses fonctions le rapprochent de plus près de ses concitoyens.

Tu vois, ton arrière - arrière – arrière - grand-père pendant tout son mandat de maire de mai 1935 à mars 1942, puis d’août 1944 à 1945, a travaillé au bien-être de ses administrés. Il a réalisé de grands projets, je ne t’en citerai que quelques-uns :

-la construction d’un abattoir moderne pour venir en aide aux éleveurs qui étaient très nombreux dans la commune

-l’hôpital-hospice a été agrandi par la construction d’un pavillon chirurgical et d’une maternité ; un autre pavillon vétuste a été restauré à fond pour y installer les services administratifs

-l’ouverture d’une caisse de chômage pour aider les ouvriers qui perdaient leur emploi dans l’industrie de la céramique.

Tous ces projets étaient utilitaires et touchaient de très nombreuses familles.

Sa signature se trouve partout !!! Ce qui le rapproche énormément de tous ses concitoyens, y compris des enfants car il fait partie aussi de la commission d’examen du Certificat d’Études primaires.

  • Tu vois, Grand-Mamie, je constate que dans toutes nos recherches, on trouve toujours un acte signé par un officier d’état civil !! Et toi, tu as eu la chance d’avoir comme grand-père un Maire qui t’a communiqué et transmis sa passion de l’histoire des familles. Et, à ton tour, tu m’as fait aimer cette science que l’on appelle la généalogie. Merci Grand-Mamie !

Eliane pour les J&G


jeudi 14 novembre 2024

L comme légende familiale


- Papy, tu sais, cette année, on a étudié des légendes au collège : l’histoire d’Ulysse qui a traversé toute la Méditerranée et rencontré de nombreux dangers, celle du Minotaure enfermé dans un labyrinthe et qui dévorait tous ceux qui y entraient, le roi Midas qui transformait tout ce qu’il touchait en or…

- Oh mais ce sont des légendes très anciennes ça, Camille, du temps des Grecs de l’Antiquité ! Et ça t’a plu ?

- Oh oui beaucoup. La professeure nous a aussi parlé de légendes françaises : celle du roi Arthur et des chevaliers de la table ronde, celle des amoureux Tristant et Iseut, celle de la bête du Gévaudan… Ce qui me plaît c’est que c’est très varié : il y a des aventures, de l’amour, de la peur, du danger, du courage…

- Eh oui c’est tout ça à la fois qui est fascinant avec les légendes. Sais-tu qu’il y a en a une dans notre propre famille ?

- Quoi ? Mais tu ne m’en as jamais parlé !

- Eh bien l’occasion est arrivée alors ! Ma grand-mère espagnole m’a souvent raconté que nous étions apparentés à un grand cardinal, un homme très riche et puissant qui vivait à Rome, non loin du Pape, au XIXème siècle.

- Ça alors, mais est-ce que c’est vrai ? En faisant nos recherches généalogiques ensemble, on a déjà trouvé beaucoup de frères et sœurs de nos ancêtres qui étaient prêtres ou religieuses mais un cardinal, jamais !

- Tiens-toi bien, il était si influent à Rome qu’on le surnommait même le Pape rouge car la robe que portent les cardinaux est de cette couleur.

- C’est incroyable ! Mais est-ce qu’on peut vérifier si cette légende de ta grand-mère dit la vérité ou pas ? (un silence, puis, voyant les yeux de son grand-père se plisser légèrement et un sourire s’esquisser) Oh Papy, je te connais, tu n’as pas pu résister à la tentation de vérifier. Je t’en supplie, dis-moi ce que tu as trouvé.

- Eh bien, comme tu le sais, ma grand-mère était espagnole mais elle portait un nom italien, le même que celui de ce cardinal. Ça nous a toujours étonné dans la famille et ça rendait l’histoire de ma grand-mère d’autant plus crédible. J’ai donc d’abord écrit aux archives du Vatican mais leur réponse a été très décevante. J’ai alors décidé d’aller directement dans la ville où elle était née en Espagne pour faire les recherches moi-même. Il faut reconnaître que j’ai eu de la chance car ils y ont conservé de très nombreux documents.

- Comme ça devait être excitant ! J’imagine que tu espérais tomber le plus vite possible sur un acte d’état civil et ou un acte paroissial montrant le lien entre ce fameux cardinal et elle.

- Tu sais, au risque de te décevoir, en généalogie, je n’espère rien trouver à l’avance. Je préfère me contenter de ce que je trouve. Paysan ou roi, mon vrai plaisir est le chemin qui mène au résultat.

- Ah, j’ai compris, tu me dis ça parce que tu n’as rien trouvé ou parce que tu as réalisé que la légende était fausse.

- Alors, tu as raison sur un point, la légende était fausse ! J’ai vite compris que la famille de ma grand-mère s’était installée en Espagne bien avant que ce cardinal ne naisse et qu’il n’y avait aucun lien entre eux.

- Bon, ben dommage, ça m’aura permis de rêver un peu !

- Mais attends, je n’ai pas fini. De fil en aiguille, j’ai retrouvé l’ancêtre qui était arrivé en Espagne. Il était bien né dans le nord de l’Italie et il avait décidé de s’enrôler comme soldat dans l’armée espagnole.

- Un soldat ? Mais il a sûrement participé à des guerres alors ?

- Tout à fait ! Quand j’ai compris qu’il avait été soldat, j’ai écrit aux archives militaires espagnoles pour obtenir ses états de service.

- Qu’est-ce que c’est ?

- C’est un document qui résume la carrière militaire de chaque membre d’une armée.

- Et alors ?

- Eh bien, quand il était jeune, toute l’Europe était en guerre. Il a donc participé à de très nombreuses batailles, en Italie d’abord, à Milan, puis en Espagne ensuite.

- C’est un long voyage ça !

- Tu as raison. Il y avait besoin de beaucoup de soldats là-bas car le royaume de France et l’empire d’Autriche étaient en guerre à cette époque-là. Chacun d’eux voulait placer un héritier sur le trône d’Espagne car le roi venait de mourir sans descendance.

- Oh mais je connais ça ! La professeure d’histoire nous a fait un cours là-dessus récemment. Ça s’appelle la Guerre de Succession.

- Exactement ! Eh bien l’un de tes ancêtres a participé aux batailles de cette guerre.

- Alors ça, si je l’avais su au moment où la professeure nous en a parlé... je ne me serais pas privée de le dire à mes copains. Et après la guerre, il est rentré en Italie ?

- Pas du tout, figure-toi qu’il est tombé amoureux d’une Espagnole, qu’il s’est marié avec elle et qu’ils ont eu des descendants là-bas jusqu’à ma grand-mère… et nous du coup !

- C’est merveilleux cette histoire, Papy !

- Eh oui, comme tu le vois, les légendes nous fascinent toujours mais la réalité peut parfois aussi leur faire une belle concurrence.

- Ah là oui, je suis bien d’accord avec toi ? Au fait, tu as toujours ces beaux livres d’histoire illustrée que tu m’avais montrés ?

- Je les ai mis au grenier pour gagner un peu de place dans le salon mais il ne tient qu’à toi d’y monter si tu as quelque chose à y chercher.

Julien pour les J&G