Quand,
vers quel âge, avez-vous commencé à vous intéresser à la
généalogie ?
Petite,
c’est avec mon père que j’ai découvert l’arbre généalogique
de ma famille proche, c’est-à-dire jusqu’aux grands-parents de
mes parents. Il avait dessiné, sur un simple carton, un tableau
généalogique avec les différentes générations bien visibles.
Tout en n’ayant pas connu leurs grands-parents (décès antérieur
ou vie dans un autre pays, à savoir l’Italie), mes parents
savaient leurs noms et prénoms.
Pour
ma part, j’ai eu la chance de connaître mes quatre grands-parents.
J’avais retenu que mon arrière grand-père paternel s’appelait
Clovis … que j’ai peut-être bien confondu - pendant un temps -
avec le roi des Francs ! …
A
l’adolescence, l’une de mes cousines s’est passionnée pour les
recherches généalogiques : elle a remonté notre branche
patronymique commune jusqu’aux plus anciens registres conservés
dans nos villages du Val d’Oise. Au XVIIe siècle, il s’est avéré
que notre ancêtre le plus lointain se prénommait Adam ! Même
s’il n’avait pas épousé une Eve, il était le père d’un
Jean, et j’avais l’impression d’être arrivée au bout du bout
de mes racines dans cette branche !
|
baptême de Jean LIONNET le 30/11/1692 à Chatenay-en-France (AD95) |
Quel
a été l’élément déclencheur pour commencer des recherches
généalogiques ?
En
9 ans seulement (entre 1976 et 1985), les décès de mes
grands-parents paternels et de mon père ont bouleversé ma vie de
jeune femme. Au-delà du chagrin, et tout en étant entourée, une
intense sensation de solitude, d’être toute seule au monde, m’a
étreinte. C’est pour combler ce vide que j’ai entamé mes
premières recherches généalogiques.
Que
cherchiez-vous ? Quelles sont les étapes de vos recherches ?
D’emblée,
l’orientation de mes recherches a visé à retrouver des cousins et
cousines contemporains, vivants, avec qui tisser et/ou renouer des
liens familiaux.
A
chaque génération, j’ai recherché les frères et sœurs de mes
ascendants directs, et, si possible, leur descendance. La recherche
des collatéraux présente de grandes incertitudes (on ignore leur
nombre, les homonymes sont fréquents). Surtout, elle est vite
devenue exponentielle : mon père avait 22 cousins/cousines
germains et ma mère 42, dispersés entre l’Italie, l’Allemagne,
la France, la Suisse et l’Argentine ! C’est en grande partie
parce que ma grand-mère paternelle était la benjamine de 8 enfants
et que ma grand-mère maternelle était l’aînée de 12 enfants …
Et, cela ne s’arrête pas là : l’une de mes arrière
grands-mères était l’aînée d’une fratrie de 13 enfants !
Avec une parentèle aussi nombreuse, je ne suis pas remontée loin
dans le temps …
Avez-vous
trouvé des réponses ?
J’avais
entendu dire que mes grands-parents maternels avaient eu un bébé
décédé peu de temps après sa naissance. Je croyais que ce drame
avait eu lieu en Italie et qu’ils étaient venus en France ensuite.
J’ai
écrit pour demander l’acte de naissance du bébé, à la fois en
Italie et à Courchelettes (59) où ils s’étaient installés à
leur arrivée en France. La réponse de Courchelettes contenait
l’acte de naissance et l’acte de décès à 2 jours d’intervalle
du bébé aîné de mes grands-parents, la mairie ayant aimablement
envoyé les deux actes qui se suivaient dans le registre. La réponse
d’Italie m’a livré un second drame : leur second fils était
aussi décédé, à l’âge d’un an à peine cette fois …
La
recherche généalogique est-elle importante pour vous ?
La
recherche généalogique a été fondatrice à titre personnel
(création et réactivation de liens familiaux avec ma parentèle
contemporaine). Elle l’a été aussi à titre professionnel, puis
associatif. En effet, c’est au cours de mes recherches que le fort
potentiel pédagogique et éducatif de la généalogie est devenu
évident. Ce potentiel est varié, immense, ludique aussi, et j’ai
essayé de le mettre en œuvre auprès des collégiens en créant un
club de généalogie dans le collège où j’étais professeur
d’histoire, géographie et EMC. Le succès auprès des jeunes a été
immédiat et le club est resté en activité pendant près de 20
ans ! Après plusieurs années à la commission Génécole de la
Fédération française de généalogie, je suis devenue en 2015
présidente de l’association ‘Les jeunes et la généalogie’
qui promeut la pratique de la généalogie auprès des jeunes et de
leurs accompagnants - et la co-autrice de deux livres Mille et une
manières de faire de la généalogie avec les enfants et Faire
de la généalogie avec les jeunes.