Merci à Anthéa pour son témoignage
Depuis
petite, je me passionne pour l’Histoire – celle avec un grand H,
celle qu’on nous apprend à l’école. Inévitablement, mon
intérêt pour celle-ci a croisé l’histoire, la plus petite, de ma
famille. Mon plus vieux souvenir de généalogie remonte à l’école
primaire. En CP, nous avons travaillé sur les poilus, ces soldats
combattant durant la Première Guerre mondiale. Nous nous sommes
rendus sur le monument aux morts et avons découvert ces noms, pour
nous, inconnus. La maîtresse nous avait demandé de parler à notre
famille et de demander si nous avions de la famille ayant fait la guerre. Mon père m’a alors parlé de ses arrière-grands-parents,
et a sorti des photos d’une vieille malle. Fière, je ramène les
photos et les informations à l’école et la maîtresse présente
mes ancêtres à l’ensemble de mes camarades. Ma famille faisait
partie de l’Histoire, celle que la maîtresse nous a enseignée.
Plus
tard, mon père m’a expliqué que son frère avait effectué des
recherches généalogiques et était parvenu à remonter jusqu’au
temps des rois ! J’étais subjuguée. Moi aussi, je voulais
faire de même avec le côté de ma mère. Mais toujours, on m’a
répété que ce n’était pas possible. J’étais au collège,
puis au lycée, on me disait : « Tes ancêtres viennent
d’Algérie et d’Espagne. Tout a brûlé durant les guerres. C’est
inutile. » Alors, j’ai abandonné. Jusqu’à il y a deux ou
trois ans. Je ne sais comment, mais je me suis lancé ce défi :
construire mon arbre généalogique – enfin plus précisément
celui de ma mère, car du côté de mon père tout était déjà
fait. J’ai donc pris l’arbre généalogique que mon père m’avait
fait, renseignant uniquement mes grands-parents et mes
arrière-grands-parents, et j’ai commencé à interroger mes aînés
– peu bavards, je dois l’admettre, ne comprenant pas cette
passion pour le passé, quand le futur est devant moi.
Mon
père m’a donné ce conseil : commence par ce que tu connais,
et remonte ensuite. Je me souviens de la joie ressentie lorsque j’ai
reçu l’acte de naissance de mon arrière-grand-mère, née à
Alger d’un père espagnol. Je courais dans le couloir tenant le
bout de papier dans mes mains, criant « J’ai réussi !
Ce n’est pas impossible ! » J’ai appelé ma
grand-mère. C’était comme si, je possédais un bout d’elle
entre mes doigts.
Progressivement,
et grâce à Internet, j’ai commencé à remonter le temps,
découvrant de merveilleux outils comme les archives départementales,
Geneanet, et d’autres sites plus spécifiques en fonction de mes
recherches. Mes amies étaient conquises par mes recherches,
certaines me demandaient de faire de même avec leur famille. Mon
oncle également ! Et voir son intérêt pour mes recherches et
le sourire sur son visage quand je lui révélais des éléments sur
son ancêtre me motivait à continuer. J’étais comprise. La
généalogie est une activité passionnante, mais hélas, qui demande
de la patience et beaucoup de temps. Aussi, étudiante, et entrant
bientôt dans la vie active, je commence à avoir moins de temps à
consacrer à cela. Mais j’espère pouvoir m’y remettre d’ici
peu ! Il y a tant de choses à apprendre grâce à la
généalogie. Il faut être prêt à être surpris pour le meilleur
et le pire, car chaque famille réserve son lot de secrets.
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mes
arrière-arrière-grands-parents au centre de la photo et mes
arrière-grands-parents à droite (Oran, années 1950) Aujourd’hui,
en fonction des branches – certaines sont plus compliquées à
remonter que d’autres – je suis parvenue à retrouver la trace de
mes ancêtres sur cinq ou six générations. Le plus vieux nom
apparaissant dans mon arbre date de la fin du XVIIIe siècle.
Souvent, c’est assez frustrant de réaliser qu’on ne pourra pas
remonter aussi loin qu’on le souhaite. L’Histoire est autant
notre alliée que notre ennemie – les guerres, mais aussi les
relations diplomatiques entre les pays ont laissé des séquelles
dans les archives. Je ne sais toujours pas comment obtenir des
informations sur mon ancêtre né dans la campagne algérienne durant
la colonisation française… Travaillant seule, je me fais peu à
peu à l’idée que l’aide d’association sera inévitable,
notamment pour mes recherches à l’étranger. Si je veux continuer,
je ne peux plus faire route seule.
Se
lancer ou pas dans la généalogie, telle est la question. Mon
témoignage est en tout cas la preuve que l’âge n’est pas un
frein, mais au contraire un levier. Quand on est enfant et
adolescent, la curiosité nous amène à poser un tas de questions,
et souvent sur notre famille. Il ne faut pas hésiter à les poser et
chercher des réponses, profiter d’échanger avec ses aînés tant
qu’ils sont encore parmi nous. Et pour tout jeune qui voudrait
réaliser son arbre généalogique, je n'ai qu’un conseil, celui de
mon père : commencer par ce que vous savez, et remonter. Prenez
l’acte de naissance de votre père, découvrez le nom de son père
et de sa mère, ceux de vos grands-parents. Découvrez leur acte de
mariage, vous y verrez le nom de vos arrière-grands-parents. C’est
là que tout commence, vous tombez dans le terrier du lapin et, au
fond du trou, se cache une véritable mine d’or.