A 12 ans, Tony l’avait bien compris : la quête généalogique
est interminable et l’œuvre d’une vie… Alors, mieux vaut commencer tôt !
De l’Iliade à l’Odyssée généalogique
Si un grand nombre de chercheurs d’ancêtres débutent leur
généalogie en cherchant à (re)nouer le lien avec leur famille, Tony, quant à
lui, est tombé, à 12 ans, dans la marmite généalogique, tout autrement :
« Je me suis passionné très tôt pour l’archéologie, la mythologie et
l’Antiquité. En lisant l’Iliade et l’Odyssée, j’ai commencé à griffonner les
liens de parenté enchevêtrés entre tous ces héros grecs, systématiquement
qualifiés de « fils de »… De fil en aiguille, c’est un arbre d’une
cinquantaine de pages scotchées entre elles, reconstituant toute la généalogie
de l’Olympe, qui s’est retrouvé étalé dans ma chambre ! La plupart
des dynasties grecques et romaines de l’Antiquité se disant issues de dieux
grecs, je me suis ensuite penché sur leurs familles, puis celles des empereurs
romains, et enfin, par extension, je me suis attaqué aux généalogies des familles
patriciennes romaines et des familles princières européennes. »
C’est par hasard que Tony en vient à s’intéresser, à 13 ans,
à sa propre généalogie. C’était à Pâques 1998. Alors qu’il séjourne chez ses
grands-parents, une cousine de son père, Solange, lui propose de venir avec
elle à la mairie du village pour rechercher un acte d’état civil. « Quand
j’ai découvert, dans un vulgaire placard de la pièce du fond de la mairie, les
épais volumes aux reliures de cuir, quand j’ai senti l’odeur caractéristique du
papier séculaire, quand j’ai caressé ces pages à la calligraphie parfaite, j’ai
alors réalisé que je pouvais, moi aussi, à ma mesure, endosser les costumes
d’historien et de détective. »
La phase de collection d’ancêtres
C’est le début d’un long pèlerinage à travers le temps et
l’espace. Avec Solange, sa cousine / coéquipière / chauffeur, Tony sillonne les
routes de campagne, de mairie en mairie, à la recherche de ses ancêtres. Il
fait la tournée des cousins en quête de photos de famille et consigne
soigneusement les noms de tous ces visages inconnus, énumérés par les Anciens.
Fort heureusement, car ils décèdent tous quelques années plus tard… Une autre
bonne raison de s’intéresser jeune à sa famille ! Photographies, qui, une
fois numérisées, retouchées, détourées, feront l’objet d’un album pour la
famille.
Quelques mois plus tard, Tony s’attaque, avec l’aide de sa
mère, à sa branche maternelle beaucoup plus dispersée géographiquement. 4 pays
différents, une vingtaine de départements… Une invitation au voyage ! Premières
recherches aux archives départementales et des percées sur 10 générations en
quelques jours. « Je me souviens qu’il me fallait une dérogation pour
entrer en salle de lecture car j’étais trop jeune ! » Premières
rencontres physiques ou virtuelles avec des cousins éloignés généalogistes, partageant
la même passion. Premiers échanges sur Geneanet et FranceGenWeb… C’est la phase
boulimique de « collection d’ancêtres » - plus de 4500 - à partir des
registres d’état civil et paroissiaux. Objectif : recenser un maximum de
noms avant de leur donner vie à l’aide de fonds plus spécifiques tels que les
archives notariales, les provisions d’office et les compoix dont il se
passionne.
A la découverte de ses racines étrangères
Néanmoins, tout un pan de sa généalogie, plus complexe, est resté
en jachère : la branche pieds noirs et ses origines étrangères. A 21 ans,
Tony se lance et entame des recherches en Italie et en Espagne et part explorer
les terres de ses aïeux. Des recherches délicates, car avant tout intuitu
personae, qui ne sont pas sans lui rappeler ses premiers pas généalogiques, à
une époque où il vadrouillait de village en village et devait gagner la
confiance de son interlocuteur pour accéder à la précieuse armoire aux
registres.
Quelques années plus tard, Tony s’attaque à la dernière branche laissée de côté, sa branche maltaise. Et là, surprise, il se retrouve livré à lui-même, en terre inconnue. Quasiment personne n’a véritablement effectué de recherches généalogiques à Malte : ni les Maltais, ni les Anglais, ni les Français. La méthodologie de recherche dans les archives maltaises, tant sur le papier que sur la toile, était totalement ignorée. Il défriche alors le terrain et, marqué par cette expérience, il se lance, à 31 ans, dans la rédaction d’un guide sur ce sujet inédit: Retrouver ses ancêtres à Malte. « C’est simple, j’ai souhaité, dans ce guide pratique, prodiguer les conseils que j’aurais aimé recevoir quand j’ai débuté. »
De
la collection à la transmission
Ce n’est pas la première fois qu’il prodigue et publie ses
conseils généalogiques. En 2009, à 24 ans, Tony devient rédacteur dans un
magazine de généalogie, collaboration qui durera 10 ans, jusqu’à l’arrêt de la
revue. « Cela m’a marqué de passer de l’autre côté de la barrière.
J’écrivais dans une revue de référence, une des revues que je lisais avidement quelques
années plus tôt ! ». « Après plusieurs années consacrées à
collectionner les ancêtres, à parcourir tous types de fonds, à collecter toutes
sortes d’informations, j’ai ressenti le besoin de passer à l’étape
suivante : celle du partage, qu’il se présente sous la forme d’albums
photos à usage familial, d’articles dans des revues spécialisées, ou encore
d’un guide généalogique. »
Que d’évolutions en 20 ans!
Tony n’a pas l’intention de s’arrêter là : « On
me demande souvent : tu as encore des ancêtres à trouver ? Tu ne t’en
lasses pas ? Evidemment non ! La passion n’est-elle pas justement un
passe-temps dont on ne se lasse jamais ? La généalogie constitue un champ
d’investigations infini et une discipline qui invite à s’intéresser à
l’histoire, la géographie, l’informatique, l’onomastique, l’héraldique, la
photographie et même la génétique ! Par ailleurs, quand je pense aux
révolutions survenues depuis plus de 20 ans, il est impossible de s’ennuyer, il
faut en permanence se tenir à la page. J’ai beau avoir 35 ans, j’ai parfois
l’impression d’être un dinosaure quand je pense que j’ai débuté mes recherches
dans les mairies, sur papier, en consultant des dépouillements minitel et en
déposant des listes éclair sur Geneanet. En 20 ans, que d’évolutions ! Les
logiciels de généalogie, Internet, Geneanet, les appareils photos numériques,
la numérisation des archives, l’indexation massive avec Filae, l’engouement
pour les tests ADN… La quête généalogique est interminable et l’œuvre
d’une vie… J’ai bien fait de commencer jeune ! »
Tony Neulat, passionné de généalogie depuis plus de 20 ans, rédacteur dans le magazine Votre Généalogie pendant 10 ans est aujourd’hui rédacteur dans la Revue française de généalogie et l’auteur du guide Retrouver ses ancêtres à Malte, Editions Archives & Culture, 2016, 176 p. Pour le contacter : tonyneulat(at)yahoo.fr
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