dimanche 25 avril 2021

#Genea ou comment je suis tombé dans la généalogie tout petit ! Episode 26

De fil en aiguille (2), par Franck Roncaglia

   Du côté de ma mère, ma famille vient d’Algérie, ce sont des juifs sépharades (venant d’Espagne) et Tochavim (venant du Maghreb). Le hasard a fait que le centre d’archives où est conservé l’état-civil français d’Afrique du Nord n’est autre que ce qui était alors appelé le Centre des Archives d’Outre-Mer, à Aix-en-Provence, donc à côté de chez moi ! Je ne me suis par conséquent pas privé de m’y rendre à de nombreuses reprises, les actes d’état-civil comme les registres matricules n’étant pas à ce moment-là en ligne, mais seulement consultables sous forme de microfilms.

   Sur la question de ma progression dans le temps, autant il n’est pas possible d’aller loin sur l’Afrique du Nord (qui se prête en revanche à la réalisation d’arbres descendants touffus !), où j’atteins péniblement la fin du XVIIIe, autant la rencontre avec un passionné de généalogie aux archives départementales des Bouches-du-Rhône m’a propulsé du XVIIe au XIIIe siècle ! Je sais ainsi qu’au Moyen-Âge une partie de mes ancêtres étaient déjà dans la cité phocéenne.

   Il y a aussi une différence de taille entre les prénoms (ainsi que les noms) rencontrés en France, en Italie et en Afrique du Nord : autant entre l’Italie et la France la passerelle est vite trouvée (par exemple de Giuseppe à Joseph), autant l’Algérie offre un exotisme tout-à-fait particulier à travers l’onomastique israélite, où j’ai pu trouver des prénoms surprenants, comme Judas, ou bien d’autres dont je ne soupçonnais pas l’existence (Maklouf, Chloumou, Haseba…) ! Cette question des prénoms avait d’ailleurs déjà été au cœur de mon année de maîtrise d’histoire (quatrième après le bac’, actuellement appelée Master 1 recherche), que j’avais basée dans l’espace sur le Monêtier-les-bains (village choisi pour être celui de la grand-mère paternelle à ma grand-mère), situé dans les Hautes-Alpes et dans le temps sur le XVIIIe siècle. En établissant à partir des actes de baptême une base de près de 6 000 naissances, j’avais ainsi pu établir qu’au début de la période la majorité des enfants portaient un seul prénom et qu’à la fin ils en avaient majoritairement deux, voire trois (et même exceptionnellement quatre !). En outre, ici comme ailleurs, Marie écrasait ses concurrentes (même si Anne, Catherine et un peu Jeanne étaient bien représentées) chez les filles, et Jean – dans une moindre mesure – en faisait autant chez les garçons (où Joseph et Pierre sont par exemple souvent utilisés aussi).

   S’agissant des patronymes, ma mère a la particularité de s'appeler Maman. C'est un nom courant chez les juifs d'Afrique du Nord, mais il a bien sûr un tout autre sens en France ! Le plus amusant est que ma tante Esther, née Maman, a eu son fils qui s'est marié avec une Papa ... Ainsi, sur un acte de mariage les deux patronymes étaient réunis, comme quoi le hasard réserve parfois des surprises aussi improbables que croustillantes.

www.geopatronyme.com


   Avec l’avancée de la technologie, j’ai pu progresser dans la connaissance de mes ancêtres, mais pas tant pour prolonger des branches qu’approfondir des périodes récentes. En effet, j’ai réalisé peu à peu que ce qui m’intéressait le plus était le XIXe siècle, époque où l’administration commence à cerner de près l’individu et où des sources le rendent encore plus humain : au-delà de l’état-civil, il y a les recensements, les fiches matricules pour les hommes (avec le signalement qui va avec), la presse qui offre parfois de sacrées surprises ! Et puis j’ai presque l’impression de toucher du doigt des gens qui ont connu des gens que j’ai moi-même connus…

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