jeudi 4 décembre 2025

Traumatisme familial

    Un roman graphique original dans sa conception et son graphisme. 

L'auteur américain, Ari Richter, part à la recherche de l'histoire de ses ascendants juifs allemands. L'antisémitisme ambiant lui saute à la gorge un jour et il décide de faire des recherches généalogiques sur sa famille. Beaucoup sont morts en camp de concentration, d'autres y ont échappé grâce à un exil providentiel. Il fait parler certains, décrypte des archives et surtout ressent la nécessité de tout dessiner pour mieux appréhender les histoires de chacun. Son travail dure cinq ans et le conduit physiquement sur les traces familiales. Il va en Allemagne et en Pologne pour visiter Auschwitz, épreuve qu'il détesta.

 Il s'interroge sur le traumatisme des générations ayant subi pogroms ou Shoah et celui des suivantes. Le récit est personnel et tellement universel!

Plus jamais je ne visiterai Auschwitz, de Ari Richter, Editions Delcourt, octobre 2025

samedi 29 novembre 2025

Z comme zingueur

 Camille s’installe près de Mamy, devant la tablette familiale. Aujourd’hui, c’est le dernier jour du challenge AZ, et la lettre Z leur pose un vrai casse-tête…

« Dis, Mamy, aujourd’hui, c’est le dernier jour du challenge AZ 2025 !
- Oui, ma chérie… Une lettre qui fait souvent grincer des dents aux généablogueurs. Z comme… Zzzzz ? »
Mamy mime un ronflement en riant.
- Je ne connais presque aucun mot qui commence par Z. Et toi ?
- Attends, je vérifie ! »

Mamy tape rapidement sur sa tablette et ouvre Geneanet.

« Oh ! Regarde, Camille : il y a presque autant de noms de famille en Z qu’en A ! Mais tu as raison, les mots communs en Z, c’est une autre histoire… »

À la recherche d’un mot en Z

Camille bondit vers le bureau de ses grands-parents et revient, un vieux dictionnaire à la main, aussi épais que large.
« J’ai une idée ! Je cherche un mot en Z ! »
Elle feuillette les pages avec enthousiasme.
- Parfait ! Si c’est un métier, on pourra même chercher qui l’exerçait avant !
- Zingueur ! Elle s’arrête net, surprise.
- C’est quoi, ça ? »

Mamy ajuste ses lunettes et lit la définition à haute voix :
« Zingueur : ouvrier spécialisé dans les travaux de couverture en zinc.
- Un métier sans féminin officiel, apparemment… Pourtant, aujourd’hui, il doit bien y avoir des zingueuses ! Mamy cligne de l’œil.
- On n’en sait pas assez. Et si on cherchait des infos sur ce métier avant de trouver un ancêtre qui l’a fait ? »

Le mystère des toits parisiens

« Bonne idée ! On commence par Wikipédia ? » Camille hoche la tête, déjà les doigts sur la tablette.

Quelques minutes plus tard, les voilà incollables :

  • Les couvreurs-zingueurs posent des gouttières, rendent les toits étanches… Et surtout, ils ont recouvert Paris de zinc au XIXe siècle !

  • Grâce à eux, les immeubles haussmanniens brillent sous la pluie.

  • Leur savoir-faire est même classé au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO depuis 2024.

« Waouh !
- Mais comment on trouve un zingueur de l’époque ?

- Par les recensements ! »

Mamy ouvre le site des Archives de Paris.
« Oh non…
Elle soupire.
- Les listes nominatives ne commencent qu’en 1926. Trop tard pour Napoléon III ! »

L’IA à la rescousse !

« Et si on demandait de l’aide à l’intelligence artificielle ? » propose Camille, malicieuse.

Mamy ouvre l’assistant IA de Mistral et tape : « Je cherche un zingueur parisien du XIXe siècle. Peux-tu trouver un de ces professionnels dans les archives ? »

Bingo ! L’IA leur montre une gravure : « Vue des ateliers de M. Michelet, fabricant d’ornements en zinc ». Elles découvrent que les zingueurs travaillaient main dans la main avec les ornemanistes, des artisans qui décoraient les toits avec des motifs en zinc.

Vue des ateliers de M Michelet - Fabrique d'ornements en zinc, Musée Carnavalet Paris, n° G.35466

« Regarde, Camille !
- M. Michelet avait deux adresses à Paris : au 312 quai de Jemmapes et au 37 rue de Lyon. Et même une maison de campagne aux Mureaux !
- Il s’appelait Henri-Félix, il venait de Rouen, et sa femme s’appelait Eugénie Robino… »
Mamy s’emballe.

« Annuaire des notables commerçants de la ville de Paris », Paris, J. Techener, 1861.

« STOP, MAMY !
- Tu vas finir par nous rendre zozos ! 
»

La généalogie, c’est comme une chasse au trésor !

« Tu as raison, ma puce.
Mamy referme la tablette.
- Aujourd’hui, on a appris que :

  1. Les mots en Z sont rares, mais pas les noms de famille !

  2. Les zingueurs ont façonné Paris… Et leur métier est un trésor du patrimoine.

  3. Même sans recensements, on peut trouver des pistes avec des gravures, des annuaires, ou l’IA. »

« Et surtout…
- … Qu’il faut savoir s’arrêter avant de devenir zozo !
»

« Exactement ! Alors, prête pour le prochain challenge ? »

Laurence pour les J&G

vendredi 28 novembre 2025

Y comme Y ou I?

  • Mamy ! regarde, j’ai ma première carte d’identité ! Tu me montres la tienne ?

  • Bonjour Camille ! À mon âge, tu sais, j’en ai eu plusieurs.

Mamy part chercher une boîte et revient.

Voilà ma première carte d’identité quand j’étais enfant. Et aussi mon premier passeport quand j’avais 20 ans.

  • Mamy, c’est écrit Evelyne sur ton passeport et Eveline sur ta carte d’identité. C’est normal, ça ? 

  • Non ! tu es sacrément observatrice, ça me fait plaisir ! Pour mes parents, mon prénom avait un « y ». Ils m’ont appris à l’écrire comme cela.

  • C’est vrai ! quand tu m’envoies une carte postale, tu signes toujours avec le « y ». Mais, alors, quelle est la bonne écriture ?

  • Pour mon passeport, je me souviens avoir écrit à la Mairie de la ville où je suis née pour obtenir une copie de mon acte de naissance. C’était nécessaire (à notre époque, toutes les personnes majeures peuvent le demander sur Internet avec un formulaire dédié).

  • Et alors ?

  • J’ai été très surprise de découvrir un « i » à la place du « y » dont j’avais l’habitude ! C’est ainsi que sur mon passeport, c’est un « i ». C’est l’écriture légale. Et, pour ma carte d’identité d’enfant, il semblerait que la mairie de mon village d’enfance n’ait pas exigé la copie de mon acte de naissance…

  • Ça pourrait encore arriver actuellement ?

  • Non, la liste des documents nécessaires pour établir les pièces d’identité est rigoureuse. Il le faut pour garantir l’identité légale des personnes et éviter les usurpations d’identité.

  • Tu crois que mes parents ont demandé une copie de mon acte de naissance à Montmorency ?

  • Bien sûr ! Et, tu sais quoi ? Montmorency s’écrivait avec un « i » à la fin depuis le XIème siècle, tandis que « moy », « hyer » ou « aujourdhuy » avaient un « y ».

  • C’est un peu comme si là où on met un « i », il y avait un « y », alors que là où il y avait un « i », on met un « y » ! On a un peu tout inversé … Vu comme cela, l’orthographe, c’est plutôt drôle ! Je ne savais pas que l’écriture des noms, des prénoms, et même des mots pouvait changer …

  • C’est depuis 1877 seulement que l’orthographe des noms est fixée.

  • Seulement ? ça fait déjà presque 150 ans !



Evelyne pour les J&G

jeudi 27 novembre 2025

X comme Xavier

 

  • Papy, j'ai encore une question concernant un acte.

  • Je t'écoute, Camille.

  • A mon avis il y a une erreur sur cet acte de mariage. On lit que Papi Xavier s'appelle François et que Xavier c'est son deuxième prénom mais on sait qu'on l'appelait Xavier. Et Mamie Augustine s'appelle en vrai Eulalie ! Je n'en reviens pas !

  • A cette époque ne pas utiliser son premier prénom était assez courant. Souvent c'était celui du père, c'est le cas pour Xavier, alors pour différencier père et fils on appelait le fils par un autre prénom.

  • Mais la mère de Mamie Augustine ne s'appelle pas Eulalie !

  • Eulalie c'est le prénom de sa marraine, elle l'a imposé comme c'était la tradition dans la famille mais les parents n'aimaient pas ce prénom et ne l'ont jamais utilisé pour leur fille.

  • Si je comprends bien, personne ne respectait l'état civil...

  • Tu sais que la seule identité officielle est celle qui figure sur l'acte de naissance mais au quotidien tu peux utiliser un autre prénom.

  • Obligatoirement un de tes prénoms ?

  • Non, n'importe lequel, c'est permis, ce sera ton prénom d'usage. Tu peux en changer aujourd'hui si tu en as envie.

  • Sûrement pas ! J'adore mon prénom, c'est beau Camille !


Nathalie pour les J&G




mercredi 26 novembre 2025

W comme Wallonie

 Camille arrive chez ses grands-parents. Elle retrouve son grand-père. Dans son bureau, une carte de la Belgique est affichée au mur. Il y a des noms écrits en français et d’autres en flamand.

  • Pourquoi parle t-on deux langues en Belgique Papy ?

  • Il y a plus de deux mille ans, ce territoire était peuplé de celtes. Puis les romains ont conquis la région, et les gens se sont mis à parler leur langue : le latin. C'est le début de ce qu'on appelle la langue romane. Ensuite, d'autres peuples sont arrivés, les Germains, qui parlaient une langue différente, l'ancêtre du néerlandais.

  • Mais pourquoi ne parlaient-ils pas la même langue ?

  • Au Moyen Âge, la Belgique n’existait pas encore, il y avait plein de petites régions autonomes, avec leur propre langue. Au Nord, la langue germanique était majoritaire. C’est devenu le flamand. Au sud, les gens ont continué à parler une langue qui venait du latin. Avec le temps, ce latin s'est transformé pour donner naissance à ce qu'on appelait le wallon, le picard, le lorrain... Ce sont d'anciennes langues régionales.

  • Le wallon ? C'est du français ?

  • Non, c'est un peu différent, c'est comme un cousin du français.. Autour de Paris, la langue romane s'est aussi transformée pour donner... le français.

  • Ah, d'accord ! Mais pourquoi on parle français maintenant, et plus le wallon ?

  • C'est parce que le français est devenu très important. Il y a 400 ans, sous François Ier, c’est devenu la langue administrative pour la France. Petit à petit, elle s’est imposée dans tout le pays. C'était la langue du pouvoir, de l'administration et des écoles. Quand la Belgique devient un pays en 1830, le gouvernement belge a décidé que le français serait la langue officielle dans cette partie du pays qu’on appelle la « Wallonie ». Les écoles ont ensuite beaucoup appris aux enfants à parler français, et petit à petit, le wallon s'est fait plus discret. Mais le wallon n'a pas disparu ! Il reste plein d'expressions et de mots du français de Wallonie qui viennent de cette ancienne langue.

  • Comme quoi ?

  • Par exemple, on dit souvent « à tantôt » au lieu de « à plus tard », ou on utilise le mot «drache» pour parler de la grosse pluie.

  • Et pourquoi sur la carte, on utilise le mot Wallonie ?

  • C’est le nom donné à l’une des trois régions fédérées de la Belgique. Cette région continue à maintenir son identité culturelle d’origine “romane” et son nom évoque la langue parlée dans ce territoire au Moyen Âge. Aujourd’hui, la langue la plus parlée reste majoritairement le français dans cette partie de la Belgique.

Brice pour les J&G

mardi 25 novembre 2025

V comme veuf

    • Mamy, parfois certains actes qu'on lit ensemble me rendent tristes et parfois en colère, comme aujourd'hui.

    • Donne-moi un exemple Camille.

    • Celui-là, c'est un mariage qui a lieu le 20 janvier 1813. Le marié est veuf et sa femme est morte le 6 novembre de l'année d'avant. Tu te rends compte : il se remarie seulement 2 mois et demi après la mort de sa femme ! Je ne trouve pas cela normal, il n'est même pas triste, il la remplace tout de suite !


    • Ce n'est pas toujours aussi simple, Camille, il faut essayer de comprendre les situations familiales à travers les actes. Cet homme, sais-tu s'il avait des enfants avec sa femme ?

    • Oh oui, ils en ont eu 12 ! Et sa femme est morte deux jours après son dernier accouchement.

    • Alors, mets-toi à sa place, réfléchis à sa vie. Il était manouvrier d'après l'acte donc pauvre, il se retrouve avec 12 enfants dont un bébé qui vient de naître. Et c'était en 1813, sans aide, sans crèche, sans garderie, sans école, sans allocation...

    • Oh la la, le pauvre !

    • Les personnes qui se retrouvaient veufs ou veuves étaient souvent obligées de se marier à nouveau rapidement pour pouvoir élever leurs enfants du mieux possible. Les familles recomposées existaient déjà, parfois ça donnait des fratries avec vraiment beaucoup d'enfants.

    • Merci, Mamy, de m'avoir expliqué. Il faut savoir lire entre les lignes des actes, ça complique les choses. J'essaierai de réfléchir avant de m'énerver...

Nathalie pour les J&G

lundi 24 novembre 2025

U comme utérin

 Camille, notre petite généalogiste en herbe est plongée dans un livre. Soudain elle lève la tête et interpelle sa Mamy :

- Mamy, Mamy, il y a un mot que je ne connais pas, peux-tu me l’expliquer s’il te plait?

- Voyons ça répondit Mamy, quel est donc ce mot si nouveau pour toi ?

- Enfant utérin, c’est utérin que je ne connais pas

- « Enfant utérin » est un mot compliqué. lui répondit mamy. C’est un mot qui n’est plus très utilisé maintenant mais qui avait jadis – il n’y a pas si longtemps encore- beaucoup d’importance. Tu te souviens il y a quelques jours je te parlais de mon frère germain ...

Camille coupe alors la parole à Mamy :

- Oui, Mamy, je m’en souviens très bien. Je croyais que c’était son prénom, mais en réalité il est ton frère germain car vous avez le même papa et la même maman tous les deux, comme ma petite sœur et moi.

- C’est bien ça Camille... Laisse-moi maintenant t’expliquer ce qu’est un enfant utérin. C’est un enfant qui a la même maman que ses frères et sœurs mais pas le même papa.... Regarde ce schéma :

Sophie et Pierre sont frère et sœur germains, et Antoine est leur frère utérin... Antoine a la même maman que Sophie et Pierre mais il n’a pas le même papa.

-Maintenant que tu connais ce mot Camille, je vais t’en apprendre un nouveau. Pour cela, je te remontre le schéma de ma fratrie :

- Comme tu le sais maintenant, Jacques et moi nous sommes frère et sœur germains

- Et Paul alors ?? demanda Camille

- Paul est notre frère consanguin lui répondit Mamy, c’est le nouveau mot que je voulais t’apprendre aujourd’hui

- J’ai compris Mamy, Paul a le même papa que toi et Jacques, mais il a une autre maman !!!

Résumons tout cela :

  • Frère et sœur GERMAINS ont les deux mêmes parents

  • Frère et sœur UTÉRINS ont la même maman et un père différent

  • Frère et sœur CONSANGUINS ont le même papa et une mère différente

De nos jours, on utilise plutôt « demi-frère » ou « demi-sœur » lorsque les enfants n’ont qu’un seul parent en commun.

Véronique pour les J&G