De fil en aiguille (1), par Franck Roncaglia
C’est en 1998, quelque temps après la disparition de ma grand-mère, que j’ai réellement commencé à m’intéresser à mes ancêtres, et en l’occurrence aux siens.
En effet, jusque-là, je lui avais posé des questions sur ses souvenirs d’enfance relatifs à ses parents, voire à ses grands-parents. J’étais alors adolescent et je ne pensais pas du tout que je passerai des décennies à traquer mes ancêtres (et leurs collatéraux), en particulier ceux de mémé !
A posteriori, je me dis que son décès fut peut-être l’élément déclencheur. Mais je m’intéressais déjà à l’histoire et, finalement, cela était assez logique. Mon père m’a mené aux archives municipales de Marseille, alors place Carli, et comme je n’avais pas encore seize ans il était justement nécessaire que je sois accompagné pour pouvoir m’inscrire. Dans les mois qui ont suivi, alors que j’étais en première, je commençais doucement à explorer, à tâtons, la branche maternelle de mon père. Je dis à tâtons, car l’enthousiasme l’emportait parfois sur la raison et je n’avais aucune expérience en la matière : je m’apercevais parfois ensuite de mes erreurs et je « cassais » une branche qui avait poussé un peu trop vite ! En ce temps-là, l’émotion était d’autant plus palpable à chaque acte trouvé que non seulement les documents n’étaient pas numérisés, mais ils n’étaient pas même microfilmés : j’avais carrément accès aux originaux, je pouvais toucher le papier sur lequel s’étaient appuyés mes ancêtres pour parapher leurs actes !
Mon grand-père nous a quittés en 2000, mais je n’ai que peu exploré ses ancêtres, étant donné que le petit-cousin de mon père avait déjà pas mal de renseignements à ce sujet. Nous nous sommes cependant rendus ensuite quelques années plus tard en Italie, où nous avons campé et avons rendu visite à des curés pour consulter des registres paroissiaux ! Car les parents de « pépé » étaient des piémontais et, plus encore qu’aujourd’hui, il fallait se rendre sur place pour trouver. Paroisses, archives d’État, mairies … J’ai depuis été de nombreuses fois dans le Piémont (avec mes parents, puis avec ma compagne), mais aussi en Ligurie, cette fois du côté de ma grand-mère, puisqu’elle avait aussi des racines italiennes. Il y eut des découvertes palpitantes, comme l’acte de baptême du grand-père paternel de ma grand-mère, ou celui de sépulture d’un de ses ancêtres au XIXe… qui me fit comprendre la déformation de Coutandin en Constantin et permit d’envisager un lien de parenté avec Fernandel, dont les ancêtres venaient du même village (Méano) et portaient le même nom !
Cette approche de l’Italie m’a laissé un bon souvenir, car, même si les archives sont plus difficiles d’accès qu’en France – dans la mesure où les sources ecclésiastiques sont privées et ne sont pas forcément ouvertes à la consultation -, elles existent et permettent de progresser. Cette difficulté, ajoutée à celle de la barrière de la langue (même si le français est largement compris dans le Piémont), ne donne que plus de valeur aux trouvailles ! Puis, aller in situ, c’est toujours s’imprégner de l’ambiance, de l’environnement jadis connu de ses propres ancêtres…Enfin, ce peut-être l’occasion de faire du tourisme et de profiter de superbes sites (autant dans la montagne piémontaise que sur la côte ligure) !
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