vendredi 12 février 2021

#Genea ou comment je suis tombé dans la généalogie tout petit ! Episode 24

Merci à Jérôme de partager ses débuts en généalogie

La marmite familiale

   Tel que ma mémoire me le restitue, il me semble que tout a commencé avec des histoires. Pas celles des livres. Celles racontées par mes grands-mères (mes deux grands-pères sont morts bien avant ma naissance). Des histoires vraies, souvenirs d’enfants d’un autre temps. J’en raffolais. J’y trouvais des points communs avec ma propre expérience d’écolier et pas mal de sujets d’étonnement (mes grands-mères sont nées au tout début du XXe siècle). Surtout, dans leurs récits, elles mettaient en scène une foule de gens. Leurs parents, leurs grands-parents, d’autres membres de leurs familles respectives, ma famille à moi. Des gens disparus depuis longtemps. En tout cas à l’échelle de mon horizon de petit garçon. Et comme tous les enfants, aspirant à une certaine logique, j’essayais d’y mettre de l’ordre. J’assignais mentalement une place à chacun, m’efforçant de m’en souvenir pour la prochaine fois, le prochain récit où ces silhouettes se profileraient. Sans le savoir je travaillais ma généalogie. Je faisais de la généalogie comme Monsieur Jourdain faisait de la prose. Je crois que c’est là que se trouvent les fondations. D’ailleurs j’ai aussi l’impression que nous partageons tous plus ou moins ce même cheminement.

   Et nous partageons tous aussi l’expérience d’une autre étape, celle du passage à l’acte. Sans mauvais jeu de mots. Pour moi ça s’est passé assez tard, conjonction de circonstances. En toile de fond l’envie ancienne d’en savoir plus sur mon nom et son origine (ah, ce travers des débutants, la ligne patronymique et elle uniquement !), par-dessus ça du temps libre, vers la fin de cette première (et unique) année de sciences éco, fruit de choix d’orientation irréfléchis (à noter que le seul cours que je suivais avec assiduité était celui d’Histoire économique du professeur Jean Imbert…), et enfin un guide. Le guide ce fut ma sœur aînée qui travaillait aux archives départementales. Grâce à elle je sus que je pouvais faire l’économie d’un voyage en province, qu’il était possible de faire venir des bobines de microfilms d’un dépôt à un autre (oui, je vous parle de l’été 1979, la préhistoire). C’est précisément à ce moment-là que j’ai découvert le travail sur les archives de l’état civil et sur les actes paroissiaux.

Jérôme Malhache en CM1


   Ensuite il y a eu une longue éclipse. Non pas que j’étais rassasié et au bout de mes questions. Loin de là. Mais il m’a bien fallu me concentrer sur d’autres sujets, essentiels... Une douzaine d’années plus tard, alors que ma mère se confrontait à la collecte de documents pour le renouvellement de sa carte d’identité, l’histoire familiale m’a repris par le col. C’est à partir de là que j’ai replongé, définitivement cette fois, dans la généalogie, et ça été le début d’une autre histoire.

   Pour finir, j’ai envie de partager un témoignage, l’expérience de quelqu’un d’autre. C’est ce qu’il y a de magique avec la généalogie, elle stimule les échanges et favorise le partage. L’anecdote se passe juste avant le premier confinement, lors de cette dernière occasion que nous avons eue de nous retrouver, au Grand salon de la généalogie à la mairie du XVe arrondissement. Un visiteur de mon stand, quelqu’un de ma génération, m’a raconté que, lui, il était venu à la généalogie par les bancs de l’école, ou plus exactement ceux du lycée. Il avait fait un bac D’ (« déprime », on comprend que cette série ait été débaptisée), mathématiques et sciences agronomiques. En première il avait un prof d’histoire qui, enseignant l’évolution de l’agriculture, faisait faire à ses élèves les généalogies de familles d’agriculteurs. C’est comme ça que mon interlocuteur avait non seulement découvert la généalogie mais avait aussi pris ses habitudes en salle de lecture des archives départementales. Comme quoi le passage à l’acte est différent pour chacun d’entre nous !

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